Le football algérien est en train d'établir un (triste) record qui sera difficile à égaler dans le monde. En effet, après dix-neuf journées de championnat, c'est-à-dire avant que les deux tiers de la compétition ne soient consommés, treize des seize clubs qui forment la division nationale 1 ont utilisé trente-deux entraîneurs. Du jamais vu. Et c'est loin d'être fini ! Cette boulimie dans ce domaine nous renseigne parfaitement sur l'une des (nombreuses) raisons qui sont à l'origine du mal du football algérien. Qu'un club se sépare de son entraîneur pour mauvais résultats, mésentente, divergence sur la politique ou les choix de ce dernier, ce sont des choses qui arrivent partout. Ce qui l'est moins, en revanche, c'est cette frénésie qui s'est emparée des clubs en ce qui concerne la barre technique. Mis à part l'ASO, le NAHD et le MCO, tous les autres ont opté pour le changement sans pour autant améliorer leurs performances. Des clubs en sont à leur troisième entraîneur depuis le début de la saison. Il s'agit de la JS Kabylie (Mouassa, Saïb, Coste), de l'USM Annaba (Slimani, Mezlini, Mouassa), du CS Constantine (Bracci, Nedjar, Slimani), du GC Mascara (Belloumi, Henkouche, Mecheri) et de l'ES Sétif (Khalfa, Bira, Revelli). On remarquera que Kamel Mouassa et Mohamed Slimani sont à leur deuxième club en huit mois de compétition. Leurs collègues Mustapha Biskri (NAHD), Abdelkader Amrani (ASO) et Medjadj (MCO) sont des privilégiés. Ils ne sont pas inquiétés par leur président. Tant mieux pour eux ! Cette instabilité au niveau de l'encadrement des équipes ne favorise pas l'amélioration du niveau et la progression du football. Changer d'entraîneur est la solution de facilité par excellence. Mais elle ne garantit absolument rien en contrepartie. La preuve, le CSC et le GCM ont bouffé trois techniciens sans que leur situation au classement ne s'améliore fondamentalement. On ne peut pas traiter ce chapitre sans s'attarder sur le cas de Nouredine Saâdi. Voilà un entraîneur qui est prié de quitter l'équipe alors que celle-ci compte sept points d'avance sur son rival immédiat, et ce à onze journées de la clôture de l'exercice. Cet épisode ressemble à celui qu'a vécu Lucien Leduc, à l'époque entraîneur de l'Olympique de Marseille, au milieu des années 1970. L'ancien entraîneur de l'équipe d'Algérie était à la tête d'un team qui comptait huit points d'avance sur son poursuivant (Monaco). Cela n'a pas empêché le président de Marseille (Leclerc) de renvoyer Lucien Leduc et de remporter le titre quelques mois après.Le comité directeur de l'USM Alger a estimé, c'est son droit, que l'équipe ne fournissait pas suffisamment de garanties (malgré son classement) en prévision de la ligue des champions qui demeure l'objectif prioritaire du club algérois. Ainsi va le football algérien, sans oublier l'autre plaie, l'arbitrage, qui fait des dégâts depuis des années sans que cela ne suscite la mobilisation pour améliorer la situation de ce corps gangrené par la corruption.