La cité Hayet, dans la commune de Gué de Constantine, n'a de la notion de la vie que le nom. Tout le monde s'en plaint, sauf les commerçants anarchiques et les grossistes qui voient leur négoce prospérer. Quant au reste des habitants, ils sont plutôt résignés à survivre et supporter la dégradation généralisée de leur cadre de vie. Une réalité qu'atteste un désordre affolant. Sur la grande rue donnant sur l'agglomération urbaine, les embouteillages sont quasiment permanents, «à plusieurs reprises, il a fallu l'intervention des services de sécurité pour désengorger la circulation», témoigne un habitant. Les bouchons, explique-t-il, sont causés par les baraques commerçantes installées sur les trottoirs, ce qui oblige les piétons et automobilistes à partager la chaussée. Pourtant, a-t-on constaté sur place, au niveau du mini-marché de proximité, une dizaine de locaux commerciaux «ont été fermés, faute d'autorisation», nous explique-t-on. Nos interlocuteurs estiment invraisemblable de «fermer des locaux légaux», alors que des «étals érigés illégalement sur le trottoir sont autorisés». Pis encore, ces baraques menacent sérieusement la vie des clients : en plus du risque d'être renversés par un véhicule en faisant leurs emplettes, les habitants encourent également la menace d'électrocution à cause des branchements pirates effectués par les vendeurs. Au milieu de toute cette anarchie, l'on retrouve étrangement un espace de vente de matériaux de construction. Un peu plus loin, en face du stade Rouibah Hocine, des ordures ont été abandonnées, sans le moindre respect des horaires de dépôt des déchets. Sur la route menant vers l'école Mohamed Moslim, le visiteur ne manquera pas de remarquer la saleté ambiante à laquelle s'ajoute la présence encombrante d'un bidonville au nom affable de Caseneuve. Le malheur des élèves ne s'arrête pas là. Pour rejoindre leur établissement, les bambins de la cité surplombant l'établissement scolaire doivent emprunter une rue non bitumée avant de pivoter vers un passage tellement retiré et obscur qu'il fait peur aux écoliers. Des habitants interrogés affirment avoir saisi l'APC pour intervenir et améliorer, un tant soit peu, leur cadre de vie. «Les responsables locaux ont installé l'éclairage public, mais tardent à réaliser les travaux de bitumage», s'est plaint un homme d'un certain âge. Les résidants de cette agglomération urbaine, l'une des plus peuplées de la commune de Gué de Constantine, souffrent aussi de la présence de certains malfaiteurs qui profitent de l'absence d'un commissariat de police pour sévir, notamment la nuit. A la fin de notre périple dans les dédales de la cité Hayet, nous avons rencontré un jeune d'une vingtaine d'années conduisant un âne. Une scène qui illustre parfaitement le caractère plutôt rural de ce centre urbain dont une bonne partie est en éternelle construction. «Les travaux n'en finissent pas depuis plusieurs années», souligne un citoyen. L'appel du wali d'Alger à la «déruralisation» et à l'amélioration de la façade de la capitale semble prendre encore plus de temps, au grand dam des habitants et des nostalgiques d'une ville d'Alger belle et blanche.