Les baraques sont soumises aux lois du marché. Elles sont vendues au prix fort. De nouveaux résidants affluent vers la cité bidonville, Caseneuve, dans la commune de Gué de Constantine. Selon des habitants, cet immense site anarchique n'a jamais cessé d'accueillir de nouvelles familles en quête d'un logis.«Certains achètent des parcelles de terrain, d'autres carrément des baraques. Parfois, les nouveaux arrivés viennent occuper une ou deux pièces au sein même d'une baraque occupée par une connaissance, un cousin ou un ami», raconte un citoyen. Notre interlocuteur affirme que personne ne peut connaître le nombre exact de familles qui ont élu domicile dans cette cité bidonville, une des plus grandes et des plus importantes de la capitale. «C'est une anarchie totale, ici on trouve un peu de tout, les affaires, vente et achat de baraques, la prostitution, mais aussi une extrême pauvreté qui frappe plusieurs familles poussées par le mal-vivre à se réfugier dans cette cité infamante», indique-t-il. Alors que nous discutions avec ce père de famille, un enfant ne dépassant pas 10 ans d'âge intervient innocemment, il nous informe qu'il y a quelques jours, un habitant a vendu une parcelle de terrain, située à proximité de la baraque qu'il occupe avec sa famille, pour plus de 20 millions de centimes. Renseignement prix, on apprend que ce trafic est un secret de Polichinelle. A tel point que même les enfants sont au courant. Des habitants interrogés ont admis, toutefois, que cette cité est «certes invivable», mais les résidants, après plusieurs années passées ensemble, ont appris à cohabiter, mais surtout à «imposer le respect et faire régner un climat de sécurité». «Des dépassements sont parfois enregistrés, mais généralement les voisins parviennent à s'entendre», raconte notre interlocuteur. Ajoutant que les conditions de vie sont difficiles du bas côté du bidonville, mais elles restent carrément insupportables au flanc supérieur. Les résidants de Caseneuve se plaignent de ces conditions de vie que les autorités tardent à améliorer, et leurs revendications, indiquent-ils, sont tout le temps transmises aux responsables, mais sans que rien ne soit fait en leur faveur. Ils affirment avoir effectué des branchements à l'eau et à l'électricité, chacun à sa manière, mais la menace de maladies demeure permanente, notamment en raison de l'insalubrité qui y règne. La plupart des habitations ne sont pas raccordées au réseau d'assainissement. Certains résidants ont pu se brancher sur les canalisations des eaux usées des cités mitoyennes, alors que la plupart continuent à utiliser des fosses septiques ou à déverser leurs eaux usées dans la nature, apprend-on. En été, l'air devient irrespirable et la santé est menacée. «Nous craignons, notamment, pour la santé des tout petits. Ils sont les premiers à pâtir de cette situation», s'inquiète un père de famille, relevant plusieurs cas d'allergie et différentes maladies. Selon lui, leurs baraques ont été recensées une dernière fois en 2007, mais la cité a beaucoup changé depuis. «Les baraques sont dans un état de dégradation avancée, le moral des habitants est au plus bas et l'espoir d'être relogés a quitté plusieurs habitants résignés à moisir sous le zinc et le parpaing», déclare dépité un homme d'un certain âge.