Le 5 juillet, le 6 et peut-être même le 7 et le 8 sont des temps morts, des espaces de détente et des moments de flottement. On fête la liberté retrouvée, on danse sur des musiques africaines pendant que l'histoire suspend son vol et retient son souffle brûlant. Après, comment avancer quand il fait si chaud, que les plages sont si loin, les hôtels si chers, les ministres si apathiques, les voisins si suspicieux et les chauffeurs de taxi aussi désagréables qu'un planton de wilaya ? Comment continuer à avancer alors que l'histoire piétine, que les mêmes hommes décident pour les mêmes hommes, que la corruption reste la seule idéologie valable, la féodalité seul way of life et qu'aucun horizon ne se dessine, à part celui des côtes européennes ? Comment croire aux lendemains alors que la société, elle-même, est bloquée à l'état fœtal, scotchés comme des voyeurs sur le Nord, le dos au Sud, regardant les Africaines heureuses et à l'aise dans leur corps comme des extraterrestres ? S'il faut une bonne centaine de juges incorruptibles pour juger les dirigeants algériens et en finir avec ce système qui ne fabrique que de l'injustice, il faudrait un festival panafricain par mois pour décrisper la société algérienne. L'Afrique a, en dehors de ses propres avancées politiques, des leçons à donner à l'Algérie et pas sur cette culture exotique des huttes, des plumes et des « villages africains » de Madame la ministre. L'Afrique avance pendant que l'Algérie, africaine, stagne. On le sait, mais il ne faut pas le dire à nos amis du même continent venus à Alger. Le rapport de l'Algérien à la femme n'est pas normal. Si dans la rue vous frappez une femme, tout le monde sera avec vous, même si personne ne connaît votre histoire. Si par contre vous embrassez une femme dans la même rue, tout le monde sera contre vous. Quelques-uns même vous frapperont peut-être. En commençant bien sûr par la femme.