Il est attendu, selon la Banque mondiale, que les Algériens installés à l'étranger envoient plus de deux milliards de dollars, soit 2,157 plus exactement, vers leur pays d'origine pour l'année 2018. Le chiffre peut paraître appréciable et il l'est sans doute, si on le compare à ce qu'ont rapporté nos exportations hors hydrocarbures l'an dernier : même pas deux milliards, 1,87 milliard précisément. Mais il est faible rapporté à la population algérienne vivant à l'étranger, si on le compare avec d'autres pays de la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Les Marocains, par exemple, rapatrient plus de 7 milliards de dollars au royaume, tandis que les Egyptiens détiennent le record avec 25,7 milliards de dollars. L'Algérie fait à peine légèrement plus que la Tunisie, dont la population à l'étranger est quatre fois moins nombreuse ! Tous ces chiffres devraient interpeller encore plus nos décideurs, à commencer par le gouvernement et l'Exécutif de manière particulière, beaucoup plus qu'ils ne parleraient aux citoyens algériens. D'abord, une première remarque : il reste, au regard de la portion congrue que représentent les exportations hors hydrocarbures dans le revenu national, encore beaucoup d'efforts à faire pour augmenter les recettes en devises. Notamment dans l'exportation de produits agricoles mais aussi dans celle des biens et services et renverser ainsi progressivement la tendance mono-exportatrice de notre commerce extérieur. Et par la même faire en sorte que l'économie et le développement du pays échappent à cette étroite et exclusive dépendance à l'égard de l'évolution aléatoire des marchés pétroliers internationaux. Pour en revenir à la participation ou la contribution de la diaspora algérienne, il est vrai que beaucoup seraient tentés de penser que les rapatriements des fonds ne font que diminuer au fil des années : les émigrés «envoient de moins en moins d'argent aux gens du bled», comme on avait coutume de le dire. Il n'en demeure pas moins qu'au regard de la part des Algériens qui se sont installés à l'étranger, dans d'autres pays que la France (destination traditionnelle), notamment le Canada, les Etats-Unis et les pays scandinaves, n'a fait qu'augmenter depuis 20 ans au moins. Alors, est-ce à dire que ces Algériens estiment qu'il n'est plus nécessaire d'envoyer de l'argent au pays parce qu'il n'en a plus besoin, ou est-ce pour d'autres raisons ? La plus évidente et qui vient à l'esprit c'est celle du manque de confiance à l'égard de l'évolution du contexte national dont font preuve les Algériens ici et là-bas, à l'étranger. Un manque de confiance qui pousse beaucoup à ne plus croire en l'avenir en Algérie et qui peut se mesurer à l'aune de la «harga», de l'émigration clandestine en hausse depuis plusieurs années, ou encore de l'augmentation de la «fuite des cerveaux», des médecins surtout, vers l'Europe et le Canada. Un manque de confiance qui est aussi à l'origine d'une véritable saignée que sont les transferts de devises vers l'étranger, notamment au cours d'opérations de commerce extérieur à travers les surfacturations ou encore les transferts illicites de devises. Une fuite de capitaux qui affaiblit davantage l'économie nationale, devenue la cible de mafias aux ramifications internationales.