Le jardin public, connu par les habitants de Aïn Taya sous le nom de Aïn el Baylek (la source publique), a été fermé au public depuis maintenant plusieurs semaines. C'est sous couvert du constat qui établit la fréquentation du lieu par des malfrats et des délinquants de tout acabit que les autorités locales ont décidé cette fermeture qui a suscité des réactions divergentes. La majeure partie de la population locale récuse cette démarche qui les prive de l'un des derniers havres de paix à Aïn Taya. « Nous avons grandi dans les entrailles de ce jardin. Malheureusement, en écoutant un groupuscule de moralisateurs, les autorités locales ont opté pour la solution de facilité qui est celle de fermer le jardin », assure un habitant de la commune. Au lieu de recruter des gardiens pour assurer la sécurité et empêcher tout débordement dans le jardin, les responsables locaux ont jugé plus utile de le fermer, au grand dam des habitués et de quelle manière. En scellant la porte du jardin avec de la soudure. Mais avant de procéder à la fermeture, ils ont fait d'abord fait appel aux services de sécurité qui y ont opéré plusieurs descentes impromptues. C'est ainsi que des citoyens « respectables » se sont retrouvés embarqués dans leur fourgon en direction du commissariat de la ville où ils ont du subir la pire des humiliations, témoignent-ils. « Nous avons eu l'occasion de voir à l'œuvre une police de pasdarans qui, pour le moindre doute sur la probité des personnes se trouvant dans le jardin, les embarquent sans distinction aucune », relèvent-ils. Bien que le jardin soit l'un des rares endroits de la capitale qui soit épargné par le saccage, il a été paradoxalement décidé en haut lieu de le fermer. Si le fait de consommer de l'alcool dans des endroits qui ne s'y prêtent pas, à l'instar de ce jardin ou encore au niveau de la plage « Les Tamaris » est intolérable, les pouvoirs publics ne sont pas pour autant exempts de reproches, car c'est à eux que revient l'entière responsabilité de cette situation, du fait qu'à Aïn Taya tous les bars et les débits de boissons ont été fermés. Il n'y a pour ainsi dire aucun endroit où les consommateurs de boissons alcoolisées peuvent « étancher leur soif. » La tendance actuelle à vouloir serrer l'étau sur les vendeurs légaux de boissons alcoolisées est assurément à l'origine de ce phénomène. A la question de savoir si ce jardin pourra un jour rouvrir ses portes, le wali délégué de Dar El Beïda nous dira : « Nous avons décidé de fermer le jardin en attendant sa réhabilitation, opération qui sera mise en œuvre en impliquant directement les riverains. » Le président d'APC, M. Rekkas, dira également : « La réhabilitation de ce jardin sera suivie d'une réorganisation de sa gestion. Nous sommes en train de mettre sur rail un système de gestion qui impliquera le voisinage dans le cadre d'une association de quartiers. »