En dépit de l'existence d'un arsenal juridique étoffé, le contrôle des produits et la protection du consommateur font défaut en Algérie. C'est la conclusion à laquelle sont parvenus les participants à la conférence-débat organisée hier au forum du quotidien El Moudjahid à Alger. Acheli Abdelhalim, directeur de la qualité et de la consommation au ministère du Commerce, a rappelé que la loi 89-02 fixant les règles générales de protection du consommateur « est à bout de souffle ». « Il y a beaucoup de choses qui n'ont pas été prises en compte par cette loi alors que d'autres aspects sont dépassés », explique-t-il, en précisant que la nouvelle loi 09-03 du 25 février 2009, dotée de 80 articles, a « élargi le thème de la protection du consommateur ». Selon lui, cette loi donne de larges prérogatives aux agents de contrôle afin d'intervenir en tout temps et tout lieu. Belkacemi Djaballah, chef de division qualité au ministère de l'Industrie, a abondé dans le même sens, en estimant que l'Algérie a travaillé, entre 2003 et 2008, à mettre en place 3 lois, consacrées d'ailleurs, à la propriété industrielle. « L'Algérie a un arsenal juridique conforme aux normes internationales », dira-t-il encore. Ce n'est pas l'avis de la représentante de l'Association des femmes algériennes chefs d'entreprise (SEVE), pour qui « les normes sont peu vulgarisées ». D'après elle, il est de la responsabilité de l'Etat de fixer les règles du jeu, avant que les entreprises n'y soient soumises. « Les lois existent, mais ce qui manque c'est la performance et la qualité. Nos produits sont refusés sur le marché international, car non conformes aux normes », déplore-t-elle. Evoquant le problème d'« interventionnisme » dans l'octroi du registre du commerce de complaisance, elle a estimé que la considération de la qualité n'est pas un préalable pour la délivrance du registre du commerce en Algérie. « Ailleurs, il est impossible d'avoir le HACCP (norme de qualité), quel que soit le niveau d'intervention. Il faut qu'il y ait une attitude préventive. Si vous laissez les gens faire ce qu'ils veulent, ce n'est pas la manière la plus transparente pour faire appliquer les normes », soutient-t-elle. Par ailleurs, M. Benbahmed, président de l'Ordre des pharmaciens algériens, a fait savoir que le médicament est appréhendé uniquement en Algérie sous son aspect commercial, en plaidant pour la mise en place d'une « agence du médicament pour combler les déficiences en matière de bonnes pratiques ». « Le pharmacien doit rendre des comptes concernant la qualité du médicament », estime-t-il. Bendris, représentant de l'association regroupant les sous-traitants de la SNVI, rappelle lui aussi que le problème de la contrefaçon dans la mécanique est important. « Le chiffre d'affaires de la contrefaçon dans la mécanique dans le monde dépasse celui du trafic de la drogue. On ne peut pas seulement protéger nos produits avec des normes », souligne-t-il. M. Zerrouki, représentant au ministère du Commerce, indique que la batterie répressive n'est pas suffisante pour contrôler les produits, en précisant que les laboratoires existants en Algérie ne sont pas aussi efficaces. Il plaide pour une politique volontariste plus sévère en matière de contrôle et de répression de la fraude. Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME, prévient, pour sa part, contre le risque que l'Algérie devienne une « passoire », si aucun organisme de contrôle de produits contrefaits n'est pas mis en place.