Nous y reviendrons plus loin. Sur un autre plan, des auteurs(3) rappellent combien le comportement alimentaire peut soit atténuer ou accentuer la toxicité d'une substance chimique étrangère au corps humain, dont les médicaments. Puisque les circonstances s'y prêtent, nous ne pouvons pas parler d'un tel sujet sans évoquer le jeûne ne serait-ce que pour rappeler ses vertus thérapeutiques à côté de l'arsenal des méthodes naturelles de soin à condition évidemment de bien y prendre conscience, comme nous l'avons déjà souligné dans une précédente contribution.(4) Pouvoir antioxydant /antirouille Le pouvoir antioxydant peut être interprété simplement comme la capacité d'une substance chimique à lutter contre la rouille des cellules. Il existe plusieurs méthodes pour le quantifier, mais aucune ne reflète à elle seule et fidèlement la réalité tellement les mécanismes mis en jeu sont complexes. De plus, s'agissant d'essais in vitro, il est plus sage de prendre les résultats communiqués qu'à titre informatif. Dans l'étude évoquée plus haut, le pouvoir antioxydant du matériel végétal est exprimé en équivalent de vitamine C, c'est-à-dire en nombre de mg de vitamine C pour 100 g de masse totale de matière brute. Voilà quelques résultats très partiels trouvés (le nom vernaculaire est donné entre parenthèses et en italique et les chiffres sont arrondis délibérément pour en faciliter la lecture) et que nous ne considérons à ce stade que comme une ébauche. Ces données montrent que les produits végétaux ordinaires que nous consommons sous différentes formes, en plus qu'ils apportent les nutriments de base sont aptes, par leurs phytonutriments, à protéger les cellules contre la rouille, c'est-à-dire la dégénérescence. C'est dire aussi que certains groupes alimentaires, surtout d'origine végétale, ont à l'évidence été intégrés dans l'imaginaire populaire tant pour leurs bénéfices santé que pour leurs qualités premières comme calmants de la faim et/ou de la soif.(voire tableau en bas de page) Aliments fonctionnels/ nutraceutiques Il convient de noter que le concept d'aliment fonctionnel vient du Japon dans les années 1980 avant de gagner l'Europe dans les années 1990(5). De grandes enquêtes épidémiologiques ont en effet révélé l'impact favorable de certains modes alimentaires sur les maladies chroniques (6). Il existe plusieurs définitions d'un aliment fonctionnel avec des allégations sous-jacentes tout aussi multiples. Nous en retenons le sens général suivant : un aliment fonctionnel est un aliment ordinaire doté de propriétés propres ou ajoutées qui le rendent capable d'agir favorablement sur l'état de santé. Cela sous entend implicitement que l'aliment reconnu comme fonctionnel, en sus de sa valeur nutritionnelle normalement attendue, peut s'avérer en mesure de stimuler des fonctions physiologiques, améliorer le processus de métabolisation des médicaments ou d'agir en synergie avec ceux-ci. Les nutraceutiques, un concept proche, sont catégorisés comme un groupe d'aliments se déclinant sous diverses formes pharmaceutiques (comprimés par exemple) et classés à mi-chemin entre les aliments et les médicaments. Grâce à l'expérience de masse, elle-même forgée par des siècles de pratique et de savoir-faire populaire, il est aisé de reconnaître un classique, parmi tant d'autres, dans cette catégorie : l'huile d'olive. C'est par excellence un authentique remède universel de tous les temps dans le pourtour méditerranéen (nutritif, combat le diabète, diurétique, anti-inflammatoire…). Ce n'est donc pas étonnant si le régime méditerranéen fait aujourd'hui office de modèle au niveau mondial. Mais dans certaines situations particulières il y a encore à notre humble avis des études à mener pour élucider l'aspect lié à la pharmacocinétique quand il y a prise concomitante de médicaments et de l'huile ou d'un tout autre aliment d'ailleurs. Nous mentionnons délibérément ce précieux liquide car tout porte à croire qu'une sorte de malédiction, sortie d'on ne sait où, s'emploie à en tarir la source en s'acharnant à brûler cycliquement des oliveraies toutes entières lesquelles représentent dans notre société un patrimoine matériel et moral irremplaçable. De même, nous estimons que les fruits du myrte, de l'arbousier et du murier sauvage pourraient bien être inventoriés comme compléments alimentaires en appoint de l'alimentation de base. A ce propos, nous avons recensé qu'à une certaine époque, dans certaines localités de Kabylie, les gens cueillaient les baies du myrte et les conservaient par salage pour usage ultérieur à des fins alimentaires et médicinales. De son côé, Beloued (7) les a mentionnées dans son livre sur les Plantes médicinales d'Algérie, comme tonifiantes du cœur. Il s'ensuit que l'identification et la mise au point d'aliments fonctionnels doivent constituer un nouveau défi pour les institutions universitaires en lançant des axes de recherche chapeautés par des équipes multidisciplinaires touchant aux diverses facettes des sciences en rapport avec la santé : génie alimentaire, nutrition, diététique, épidémiologie… Le résultat attendu reste la justification scientifique des allégations santé à assigner éventuellement à certains types d'aliments locaux ce qui va contribuer à coup sûr à leur ajouter de la valeur et à les sauvegarder. L'ethnopharmacologie peut à ce titre jouer un rôle de premier plan. Le maintien et l'amélioration du bien-être des populations mérite tous les investissements possibles en argent et surtout en ressources humaines. Intégrer le concept des aliments fonctionnels dans cette stratégie de prise en charge est un atout inestimable pour tous les acteurs concernés en ce sens que cela aidera à mieux gérer les états maladifs à moindre frais. Vu le nombre incessant de publications consacrées à ce sujet, il est fort probable qu'à plus ou moins longue échéance, les aliments fonctionnels puissent s'imposer, si ce n'est pas déjà en cours sous d'autres cieux, comme appoint de choix aux thérapeutiques classiques.