Béni Arab, une localité relevant de la commune de Thenia, 13 km au nord-est de Boumerdès, demeure, à l'instar des autres villages, une bourgade enclavée et oubliée. Les quelque mille habitants de ce village vivent dans des conditions précaires. Cette bourgade accuse un flagrant retard en matière de développement. Les villageois ont relevé l'absence de commodités de base et la dégradation de l'environnement qui menace la localité. « Nous faisons face à un problème environnemental, des égouts s'épandent à ciel ouvert, dans nos champs sans que les autorités locales ne réagissent pour stopper cette dégradation », nous dira un villageois. Et pour cause les égouts à ciel ouvert qui proviennent d'un élevage avicole d'un particulier ont accentué la gravité de la situation. Par conséquent les fontaines du village sont polluées. Selon les habitants, l'eau se fait rare, notamment en période estivale, et ces fontaines constituent l'alternative. Les analyses effectuées par le bureau d'hygiène communal sur un échantillon d'eau de ces sources ont été positives. Ces eaux sont, selon le rapport établi par cedit bureau en date du 14/07/03, de mauvaise qualité. Suite à ces résultats et pour prévenir contre les maladies à transmission hydrique, les services concernés ont interdit tout approvisionnement à partir des fontaines. « L'ouverture, depuis 2008 d'une enquête par la commune au sujet de l'élevage avicole n'a abouti à rien », nous dira un délégué du village. Les habitants continuent d'utiliser les fosses septiques qui pourtant sont interdites par la loi en raison des problèmes sanitaires qu'elles peuvent causer. Car le village n'est pas doté d'un réseau d'assainissement. D'autre part, il est utile de signaler que les villageois ont abandonné le travail de la terre. Car selon eux, l'eau de l'oued Bouarous est infectée par la pollution des égouts, ce qui fait que toutes les terres situées sur la rive de l'oued sont infectées. « La plupart des habitants ont abandonné leur terre, les eaux usées ont endommagé l'eau de l'oued, nous ne pouvons pas cultiver nos terres dans des situations pareilles », nous dira un propriétaire terrien de la région. En outre, on se plaint de l'impraticabilité et de l'exiguïté de la route du village.La dégradation avancée de ladite route a causé des désagréments aux usagers et a contraint les transporteurs à ne pas s'aventurer au moment où l'on enregistre deux transporteurs qui desservent ce village à partir du chef-lieu communal. « Malgré son revêtement en 2006, cette route n'a pas pu tenir », nous a-t-on indiqué. Faut-il rappeler que ces villageois ont été la cible des actes terroristes durant les années de braises qu'a connu le pays. Mais ce village n'a pas connu l'exode de sa population contrairement à celui de Ouled Ali, où des dizaines de familles ont fui leurs maisons et leurs terres. Sur le plan des infrastructures publiques, le village Béni Arab est mal loti. La salle de soins qui y existe date des années 1990, elle est inopérante depuis la date de sa réception. Cette situation a pénalisé durement les villageois qui se déplacent au chef-lieu pour une simple injection ou un changement de pansement. « Pourquoi alors construire des dispensaires et les abandonner par la suite », s'interroge un quinquagénaire. « Les autorités avancent toujours le prétexte de dégradation de la situation sécuritaire », nous explique notre interlocuteur. L'ouverture de celle-ci est plus que nécessaire, nous dit-on. L'école primaire Rahil Rabah est dépourvue de tout. Cet établissement est constitué de six classes, d'équipements scolaires anciens et d'une cour exiguë. Les potaches éprouvent d'énormes difficultés à suivre les cours normalement en l'absence de chauffage notamment en hiver. Idem pour les collégiens et les lycéens scolarisés au niveau des établissements scolaires du chef-lieu communal, qui endurent encore le manque de moyens de transport scolaire. Les villageois sont unanimes « nous sommes des oubliés, nous sommes les damnés de la terre ».