Y a-t-il un opposant dans le coin ? Sommes-nous tentés de crier à l'endroit de ces partis politiques complètement démissionnaires par rapport à tous ces faits pourtant graves qui agitent notre pays. La cascade des mesures économiquement risquées et socialement impopulaires que vient de prendre le gouvernement n'ont pas pour autant secoué le sommeil de nos hommes politiques en cette période de farniente. Pathétique est la posture de cette classe politique totalement déclassée dans son rôle de contre-pouvoir. Pas un traître commentaire n'a été entendu de la part d'un parti politique, qu'il soit proche du pouvoir ou dans l'opposition mis à part le MDSL. Comme il en a toujours été le cas, la presse s'est chargée, à son corps défendant, d'apporter la contradiction au gouvernement et d'alerter l'opinion sur les implications socioéconomiques des mesures contenues dans la loi des finances. Comment se taire contre la suppression, d'autorité, du crédit à la consommation, seul « acquis » pour la classe moyenne ou ce qui en reste ? La fameuse « Maruti » passée à la mode proverbiale dans les discussions populaires comme étant la voiture du pauvre est désormais un luxe. Eh oui, nos dirigeants qui prêchent la bonne gouvernance, et à rebrousse-poil de tout ce qui se fait au niveau mondial, viennent de décréter la fin d'un rêve, celui de posséder une voiture… Où sont donc ces salonnards d'hommes politiques et autres politicards pour porter la voix du peuple d'en bas ? Il est vrai que ces gens peuvent rouler carrosse sans demander crédit. Leur credo étant de ne pas incommoder un gouvernement qui gère à tâtons. Ce silence vaut, à la fois, pour les partis qui émargent au pouvoir et ceux qui se réclament de l'opposition. S'il est vrai que l'été ne se prête pas trop à l'activité politique, il est tout aussi vrai que la politique ne s'accommode pas de saisonniers. Comment se taire face à la surtaxe de la viande, un produit alimentaire déjà socialement inaccessible pour le commun des Algériens qui plus est à la veille du mois sacré du Ramadhan ? Il est triste de constater que tout se fait par et pour le pouvoir. Il est rageant d'assister impuissants à un acharnement contre le peuple à travers des mesures aussi iniques qu'uniques. La chaîne de médiation sociale via les partis politiques est rompue dès lors que ces derniers ont choisi de se rendre utiles non pas à leur base mais aux maîtres de la décision. Que la rue devienne l'exutoire des frustrations citoyennes, comme on l'a constaté dans les quatre coins du pays, est en soi un signe que la violence reste le seul moyen de régulation sociale. Devant la gabegie des autorités et la faillite des partis politiques, les Algériens recourent à l'émeute pour se faire entendre. Comment se taire alors ?...