Le plus ancien marché couvert des fruits et légumes de la ville de Guelma, situé place Harcha Hassen, datant de l'ère coloniale, a ouvert ses portes il y a quelques mois. L'édifice a fait l'objet de travaux de réhabilitation pris en charge par la direction du commerce de la wilaya de Guelma. Mais, contre toute attente, les locataires et la population boycottent, à ce jour, les lieux. Décidemment, il y a de quoi perdre son latin, sinon comment expliquer une telle attitude ? Les avis des uns et des autres sur la question divergent et laissent place à toutes les controverses. Nous en retiendrons les plus plausibles. Pour les riverains du marché, la mairie, en qualité de propriétaire, est la seule responsable de cette situation. Durant les quinze dernières années, le marché Harcha a été purement et simplement abandonné à la dégradation, l'insalubrité et surtout à l'anarchie. En finalité, les clients ont très vite compris que le marché central se clochardisait. Ils (les clients) se sont rabattus tout naturellement sur le marché des fruits et légumes, viandes rouges et blanches du boulevard du Volontariat, car ce dernier offrait, sans plus, des produits de meilleurs qualité/prix, et cela n'a pas changé depuis. D'autres personnes affirment que la date d'ouverture du marché a été mal choisie ; le mois du Ramadhan passé aurait été plus approprié, soulignent-ils. Pour ce qui est des locataires des étals et locaux, il y avait une trentaine à l'intérieur du marché, nous n'avons trouvé qu'un seul commerçant installé. Il nous fait part de son désarroi : « Depuis 1970, j'ai eu le temps de voir et observer les changements. D'autres, plus anciens que moi, peuvent le confirmer. Nous sommes passés d'un marché respectable où les familles guelmoises venaient faire leurs emplettes à un véritable abattoir clandestin. Aujourd'hui, malgré que mon étal soit resté fermé dix années durant, la mairie me réclame 80 000 DA de loyer et la Casnos probablement 200 000 DA. Cela fait un mois et demi que j'ai ouvert ; j'enregistre une perte sèche de 20 000 DA. Pas un client n'a gravi les marches du marché ». Certains élus de l'assemblée populaire communale de la ville de Guelma, qui ont bien voulu s'exprimer sur le sujet, diront : « C'est la deuxième mise en demeure qui est adressée aux locataires afin qu'ils s'acquittent des loyers impayés », affirment-ils. Et d'ajouter : « A la troisième mise en demeure, si personne ne se manifeste, les locaux et étals seront loués à d'autres personnes. La décision sera prise lors de la prochaine assemblée ». Loyers impayés et mises en demeure Mais en fait, combien sont-ils ces fameux locataires introuvables ? Ont-ils des contrats de location ? Détiennent-ils des registres de commerce ? Sont-ils encore en vie ? A ces questions, aucun élu n'a pu nous répondre. Un secret de polichinelle ! Encore un autre, où la gestion du patrimoine communal et les affaires courantes font tache d'huile. Ils nous demandent ce que nous aurions pu faire à leur place ? Même la direction du commerce que nous avons contactée semble avoir oublié le montant de l'enveloppe allouée à ce projet. Bref, les réponses, nous les avons trouvés sur le parvis de la place Harcha. Ainsi, c'est à l'extérieur du marché couvert que les fruits et légumes, œufs, poisson, viandes blanches et rouges sont exposés journellement sur des étals à même le trottoir et sur une bonne moitié de la voie carrossable en l'absence de contrôle. Une scène anodine, puisqu'on nous affirme que certains des commerçants à l'extérieur sont locataires d'un étal à l'intérieur du marché. Quoi qu'il en soit, convaincre les marchands d'occuper les lieux et inviter la population à renouer avec le marché couvert de la place Harcha relèverait de l'exploit, car l'intérêt de la population pour le marché des fruits et légumes, situé sur le boulevard du Volontariat, est aujourd'hui indéniable malgré que le lieu s'apparente beaucoup plus à un cloaque à ciel ouvert. L'odeur des détritus en décomposition accueille les clients. Les eaux usées ruissellent entre les étals, mais rien ne les arrête. Là-bas, les prix sont abordables. Les transports en commun sont à portée de couffins et les marchands se contentent d'une très faible marge bénéficiaire contrairement à ceux du marché couvert. Notons enfin que la réhabilitation des marchés couverts de détail à travers la wilaya a touché également le souk de Oued Zenati, ainsi que celui de la commune de Hammam Debagh.