De mémoire collective, jamais les prix du poulet n'ont atteint des cimes aussi vertigineuses que ces jours-ci. L'on aura constaté en effet que la mercuriale de la volaille ne cesse de provoquer des grincements de dents. Car, après avoir aisément frôlé la barre des 300 DA/kilo, s'agissant du poulet évidé, celui-ci est proposé depuis déjà deux semaines à 350 DA et plus. La surenchère est si prégnante que les tarifs prohibitifs affichés par ce sacré volatile sont devenus un sujet de discussion à part entière. Un père de famille, rencontré devant un commerce de viandes blanches, a failli s'arracher les cheveux devant cette flambée inouïe. « Vendez au prix qui vous semble et profitez-en au maximum, puisqu'il n'y a ni foi ni loi dans ce f... pays », lance-t-il à la cantonade. La sinistrose est similaire au niveau de l'ensemble des marchands de viandes blanches. L'un d'eux jure par tous les saints que « le renchérissement extraordinaire de ces produits n'est pas l'œuvre des commerçants-détaillants. En cette période, fêtes de mariage et réceptions obligent, il y a une très forte demande sur le poulet, d'où la flambée de la mercurial ». Outrée, voire scandalisée, une dame d'un certain âge n'arrive pas à comprendre qu'un poulet de très petite taille, pesant à peine plus de deux kilogrammes, soit proposé à 800 DA. « Craignez Dieu, nous sommes à l'orée de Ramadhan. Où est la rahma des musulmans ? » a-t-elle martelé avant de repartir bredouille. La totalité des ménages aux revenus faibles ou modestes redoutent au plus haut point que cette flambée qui caractérise déjà de nombreux produits de large consommation ne soit qu'un prélude à la véritable saignée qui attend le citoyen lambda avec l'avènement du mois sacré. Les viandes rouges n'échappent pas non plus à la spirale inflationniste. Le veau et l'agneau qui ont déjà connu une sensible augmentation en catimini sont cédés présentement à 65 DA et 750 DA le kilo. En attendant bien sûr le pire !