Le citoyen nécessiteux a-t-il droit à une prise en charge médicale à l'étranger, au même titre que certains qui bénéficient de soins, parfois banals, aux frais de l'Etat ? Ils sont nombreux ces enfants algériens, dans la détresse, souffrant de maladies graves, se battant, contre vents et marées, pour être pris en charge par un Etat de droit, dans lequel tous les citoyens sont égaux. Le cas de Mohamed-Achref, Mohamed-Seïf Eddine et Abeer Zekri, est semblable à beaucoup d'autres, qui ont décidé de continuer la lutte. Ces trois frères et soeur, âgés respectivement de 21, 19 et 16 ans, sont tous atteints d'une amyotrophie spinale progressive de type 3, une myopathie qui entraîne une atrophie des muscles entourant la colonne vertébrale, et par conséquent une déformation progressive du dos. Déclarés handicapés moteurs à 100 %, depuis l'âge de 4 ans, les frères et soeur Zekri ont relevé le défi malgré leur handicap, refusant de s'incliner devant la fatalité. En 2007, Achref et Seïf-Eddine ont décroché leur bac avec mention honorable, et intégré l'institut de commerce du pôle universitaire de Ali Mendjeli pour le premier, et l'INATAA, situé sur la route de Aïn Smara, pour le second. Quant à Abeer, elle a obtenu son BEF et rejoint le lycée. C'est un combat courageux, que les parents mènent au quotidien depuis que cette maladie neuromusculaire a atteint leurs enfants, notamment concernant les interventions afin de les faire bénéficier de séances de rééducation au CHU Benbadis, en plus de soins pour le jeune Seïf-Eddine, atteint d'une maladie des reins. « En raison de leur maladie et de leur état de santé qui se dégrade, les enfants sont incapables de se tenir debout, ils dépendent totalement de nous », avait déjà déclaré à El Watan, (dans nos précédentes éditions) la mère, éplorée et déçue par le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbas, estimant que celui-ci n'a pas tenu la promesse faite lors d'une cérémonie organisée en 2007 à l'honneur des lauréats, d'octroyer à ses enfants un véhicule adapté, car, « ils méritent tous les encouragements ». Simples propos courtois ? Achref et Seïf-Eddine, ces admirables enfants, ont, entre-temps, développé une grande confiance en soi, doublée d'une volonté de fer. Ils se passeront, par la force des choses, de la « générosité » du ministre de la Solidarité. « Les promesses faites à chaud s'évaporent rapidement », dit le père, agent de sécurité à la société de gestion immobilière (SGI) de la zone industrielle de Didouche Mourad, dans une lettre adressée au président de la République. Il précise, dans cette même lettre, que « le directeur de l'action sociale (DAS), lui a proposé de mettre à la disposition des ses enfants un bus et non un véhicule, mais qui s'est avéré inadapté au handicap de ces derniers ». Ce qui signifie la privation, pure et simple, de ces enfants d'un moyen de transport indispensable. Par ailleurs, les trois frères et sœurs sont dans un besoin immédiat et crucial d'une intervention chirurgicale, d'autant plus que leur cas enregistre une aggravation rapide. Selon le père, l'hôpital Saint-Vincent de Paul de Paris est prêt à prendre en charge les enfants, mais le coût approximatif de l'opération pour arthrodèse, incluant différents examens complémentaires, est estimée à près de 3 000 euros. Une somme colossale qui n'est pas à la portée des Zekri. Faut-il alors laisser Achref, Seïf Eddine et Abeer mourir en silence ?