Surcharge n Le centre Pierre-et-Marie-Curie (Cpmc) spécialisé dans le traitement du cancer n'arrive plus à répondre aux besoins, sans cesse croissants, des malades qui y viennent des différents coins du pays. Faute de structures hospitalières spécialisées dans leur wilaya d'origine, ces malades sont généralement orientés vers le Cpmc après les premières consultations chez des médecins généralistes ou spécialistes. Ce qui est encore plus frappant, c'est que l'écrasante majorité des patients est issue de familles démunies. Devant ce flux, le centre s'avère trop exigu pour faire face aux exigences des dizaines de citoyens, tout âge et sexe confondus, et le staff médical et paramédical semble impuissants face à cette demande. A cela, il faut ajouter d'autres lacunes notamment les pannes successives du matériel de radiothérapie et du scanner. «J'ai attendu plus de huit mois pour passer un scanner. Les médecins évoquaient, à chaque, fois la panne du matériel. Croyez-moi, j'ai trop souffert et fait souffrir mon fils avec moi. Nous venons de Tissemsilt et nous passons la nuit dans un hôtel à Alger pour revenir bredouilles le lendemain… Parfois, nous empruntons de l'argent auprès des bienfaiteurs pour payer les frais du voyage…», témoigne Zohra, une sexagénaire atteinte d'un cancer du sein rencontrée à l'entrée du centre. Abdelkader, son fils aîné, enchaîne : «Je travaille comme manœuvre chez des particuliers et je n'arrive même pas à faire face aux besoins de mes trois enfants. Pour acquérir les médicaments de ma mère, je dois emprunter de l'argent et mes dettes sont estimées actuellement à plus de 60 000 DA….» Devant les différents services (radiologie, scanner, chimiothérapie…), les malades forment de longues files, attendant leur tour, en silence. La détresse se lit dans leur regard. «J'espère passer avant midi pour que je puisse rentrer chez moi. Je n'ai pas les moyens de passer la nuit, ici, à Alger. La location d'une chambre d'hôtel coûte trop cher et je n'ai aucun parent ici…», clame Abdelkader, un quinquagénaire venu de Chlef. C'est le cas de nombreux malades rencontrés au niveau du Centre. Le calvaire de ces milliers de citoyens ne peut prendre fin que par la mise en place de nouvelles infrastructures au niveau des différentes wilayas et leur dotation de moyens humains et matériels nécessaires pour la prise en charge des malades. Le cas de Kaddour, ce Djelfaoui de trente et un ans est bouleversant. Il est venu en compagnie de sa femme et de son enfant de 10 ans, atteint du cancer. Berger pour le compte de grands éleveurs de la région pour un salaire mensuel de 8 000 DA, Kaddour affirme être incapable de faire face à cette situation. «Nous passons la nuit à Dar-Errahma à Birkhadem et nous venons quotidiennement, ici, pour les soins et croyez-moi, je ne possède pas d'argent pour revenir à Djelfa. Nous sommes pauvres, même si notre pays est très riche», déplore-t-il. Combien de citoyens sont dans cette situation ? A quand une prise en charge digne des malades ? Quand les décideurs mettront-ils fin aux déplacements et souffrances des citoyens malades pour ne plus faire des centaines de kilomètres pour simplement... des soins ?