Les travaux du 32e congrès de l'Organisation arabe du travail (OAT) ont débuté hier à l'hôtel El Aurassi à Alger. Près de 500 congressistes représentant 21 pays arabes membres de l'OAT étaient présents à cette manifestation qui s'étalera jusqu'au 19 février. La femme, la privatisation, la lutte contre l'informel et le dialogue social sont, entre autres, les questions abordées par le président de la République lors de l'allocution d'ouverture. L'Algérie d'aujourd'hui n'est, selon lui, plus celle des années 1990. D'après lui, la relance économique s'impose, mais ne sous-entend pas la remise en cause des droits des travailleurs. « La privatisation de certaines entreprises ne se fera jamais au détriment des travailleurs. La sauvegarde des droits du travailleur est un fait incontestable. Il reste que le dialogue entre le gouvernement et les travailleurs sur la relance des entreprises est une occasion pour réorganiser et relancer le secteur économique », a lancé le président de la République. « Nous avons brisé l'isolement. L'objectif visé est d'essayer de sortir le pays de cette léthargie. Nous sommes, certes, un pays producteur de pétrole, mais l'Etat n'a pas les moyens de prendre en charge certains aspects. L'Etat ne peut pas entrer dans la mondialisation avec des séquelles », a-t-il déclaré. « Je suis de votre côté, mais lorsque je vous tends la main, il ne faut pas la refuser », a-t-il dit. Pour lui, si le secteur public est productif, cela est satisfaisant, mais dans le cas contraire, il faudrait chercher afin de trouver un partenariat et prendre le chemin de la privatisation. S'adressant aux investisseurs arabes, l'orateur ne comprend pas pourquoi ces derniers investissent dans d'autres pays. « Nous voulons établir des rapports basés sur des normes internationales et non sur des sentiments. Nous devons, par conséquent, refuser tout ce qui nous est imposé », a-t-il souligné. Selon lui, l'Algérie connaît, depuis 2000, une stabilité économique. Il a cité des indices : le stock de la dette extérieure est passé de 40 milliards de dollars, en 2000, à 19 milliards en 2004, tandis que son service, qui représentait 30% des recettes d'exportations en 2000, n'était plus que de 18% à la fin 2004. Concernant la croissance économique, le chef de l'Etat a indiqué qu'elle est passée de 3,2% en 1999 à 4,1% en 2002 pour atteindre près de 7% en 2003 et les prévisions indiquent, a-t-il relevé, qu'elle atteindrait 6% en 2005. Les revenus bruts des ménages ont augmenté de 30% entre 2000 et 2004. Cette évolution positive s'est produite dans un contexte de maîtrise de l'inflation dont le taux est passé de 29,8% en 1995 à 4,2% en 2001pour s'établir à 2,6% en 2003. Evoquant la question du chômage, le chef de l'Etat a indiqué que ce fléau a pris de l'ampleur à partir de 1985, atteignant 32% en 1998, la tendance s'est, toutefois, inversée et le taux aujourd'hui est estimé à 22%, voire 17% si l'on prend en considération les travailleurs non déclarés. « Le marché noir est un phénomène dont l'ampleur varie d'un pays à un autre. Tous les pays souffrent de ce fléau, et ces conséquences sur les travailleurs sont désastreuses. Il faut étudier ce phénomène sous tous ses aspects afin de trouver les mécanismes appropriés pour le combattre », a expliqué le premier magistrat du pays. Abordant la question de la femme, l'orateur s'est félicité de constater que la femme a investi plusieurs domaines et que, dans certains secteurs, elle est plus productive que l'homme. Les lois de la République, de l'avis de M. Bouteflika, ne sont pas arbitraires vis-à-vis de la femme. Il n'a pas nié que le problème est posé par les mentalités qui sont rétrogrades. « La question des droits de l'homme est étroitement liée aux traditions et coutumes. Toutefois, nous ne devons pas donner une image folklorique de nous. Reconnaissons à la femme ses mérites et sa valeur », a-t-il dit. Le Président s'est dit plus en faveur d'un globe composé de pays arabes qui constituera une force que d'un grand Moyen-Orient. « Si l'instauration d'un grand Moyen-Orient répond à une quelconque stratégie, en ce qui nous concerne, nous avons nos propres problème... », a lancé le Président.