Une étude est en cours de finalisation au niveau de la Centrale syndicale pour faire aboutir un budget familial établi à plus de 23 000 DA, nous a déclaré hier Abdelkader Malki, chargé de la communication à l'UGTA. « Censés améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, les résultats de cette étude serviront de base de travail à l'occasion de la tenue de la prochaine tripartite prévue avant fin 2009 » a-t-il expliqué. Les experts, drivés par l'UGTA, ont retenu la moyenne de six membres pour composer la famille algérienne. « Nous ferons part de nos propositions concrètes et réalistes face aux représentants du gouvernement et du patronat », a-t-il ajouté. Le pouvoir d'achat s'apprécie par rapport au revenu disponible et l'évolution des prix. Or, les données concrètes sur ces deux indicateurs demeurent rares, estime Mohamed Benguerna, maître de recherche au Centre de recherches et études appliquées en développement (CREAD). Pour ce sociologue, « il y a urgence de mettre en place des structures, qui prennent en charge des études de terrain régulières sur ces indicateurs ». D'où l'intention du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale de se lancer dans deux enquêtes nationales. L'une concerne les salaires dans le secteur économique et l'autre l'évolution du pouvoir d'achat et les dépenses de consommation des ménages entre 2008 et 2009. Cependant, l'expert international Abderrahmane Mebtoul soutient que pour améliorer le pouvoir d'achat des Algériens durablement, « il est urgent d'éviter les replâtrages et d'accélérer la réforme globale pour arriver à une croissance véritable qui réforme une société de rente en une société reposant sur le travail et l'instruction face au chômage et à la pauvreté ». Pour Louisa Hanoune, le pouvoir d'achat est en perte de 40% avec non seulement les tendances à la hausse des prix de large consommation, mais aussi et surtout à cause de la perte d'emploi ou sa précarité. D'ailleurs, le Parti des travailleurs (PT), qu'elle dirige, est destinataire de plusieurs milliers de requêtes de la part des citoyens qui font part de leur détresse suite à des situations de licenciement ou des échecs de trouver un job. « Je n'arrive pas à décrocher un travail digne depuis la fermeture de l'entreprise Eriad d'El Harrach, cédée au privé », atteste Ali M., en charge d'une famille de huit personnes, dont ses parents. Aujourd'hui, à ne voir que le prix de la reine des légumes (la pomme de terre) qui oscille, actuellement, entre 45 et 60 DA, le citoyen a du mal à jouir de son pouvoir d'achat. Pourtant, la production nationale de pomme de terre a atteint un volume de 25 millions de quintaux en 2009, soit une hausse de 15% par rapport à 2008, selon les déclarations faites le 11 août dernier par Rachid Benaïssa, ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Même à Bouira, classée première dans la production de pomme de terre en Algérie, les prix sont chers. « Il semble bien que le système de régulation des produits agricoles de large consommation (Sypralac) fonctionne mal et le mois de Ramadhan est venu le confirmer », fait remarquer un cadre au ministère du Commerce. Avec les dépenses liées au mois de jeûne et à la fête de l'Aïd, celles de la rentrée scolaire, greffées des autres dépenses quotidiennes ou régulières, le simple citoyen pense déjà à son sandwich frites-omelette qui risque de coûter cher d'ici une vingtaine de jours.