Les habitants de la région de Dréan (Tarf) ne savent plus à quel minaret se vouer. Une partie des résidents rompt le jeûne en suivant les horaires de Annaba qui se trouve à 25 km au nord et l'autre en suivant ceux d'El Tarf qui se trouve à 50 km plus à l'est, elle-même alignée sur El Kala, encore 20 km plus à l'est. Ce qui implique un décalage de 3 minutes tout au plus, mais cela suffit pour chauffer les esprits. Il y a de quoi lorsqu'on sait la peur panique qu'ont les gens de rompre le jeûne par inadvertance. Dréan et sa périphérie se sont toujours alignées sur Annaba, comme Ben Mhidi et les localités d'El Tarf qui ceinturent la métropole au sud et à l'est. Avant que l'on se réfère à la science et à l'astronomie, que l'on distingue l'heure réelle de l'heure locale, le bon sens guidant les esprits, on a trouvé qu'il est tout à fait logique que l'on s'aligne sur la ville la plus proche parce ses horaires sont déterminés avec plus de précision en scrutant la course du soleil et depuis quelques décennies par les calculs astronomiques. Djamel Mimouni, président de l'association Sirius d'astronomie de Constantine, contacté par téléphone, confirme que pour le cas de Dréan et ses alentours, la proximité géographique avec Annaba la rapproche aussi de ses horaires astronomiques et qu'il est plus judicieux d'en tenir compte pour l'iftar et l'imsak. Mais l'administration omnisciente et omnipotente ne l'a pas entendu de cette oreille. « Pour mettre de l'ordre », a déclaré à la presse le directeur des affaires religieuses d'El Tarf, une instruction ministérielle intime l'ordre à toutes les mosquées de la wilaya où qu'elles se trouvent de suivre les horaires appliqués au chef-lieu. Et comme le chef-lieu, El Tarf, prend en considération les horaires d'El Kala, ville la plus proche avec des horaires calculés, c'est donc toute la partie ouest de la wilaya qui rompt le jeûne en même temps qu'El Kala qui se trouve 70 km plus à l'est. Il y a de quoi faire des mécontents et bien entendu, on n'y échappe pas, quelques exploitations politiciennes. En attendant, c'est la confusion. Certaines mosquées ont décidé de braver l'oukase, d'autres de s'y conformer. C'est la cacophonie à l'heure du f'tour, avec les haut-parleurs poussés à fond.