Après le f'tour et la prière des Tarawih, le boulevard Front de mer connaît une animation jusqu'à des heures tardives. L'aménagement de la route de l'îlot des Chèvres a fait bien des heureux à Skikda, et en premier lieu les chauffeurs de gros tonnages dont elle constitue l'unique voie d'accès au port de Skikda en venant de la RN44 via l'échangeur de l'entrée Est de Skikda. En dédoublant (2 X 2 voies) ce sinueux et étroit tronçon routier où les chutes de pierres étaient fréquentes et dangereuses, les concepteurs du projet ont non seulement réglé un gros problème de circulation routière, mais, ô agréable surprise pour les Skikdis, ils ont permis l'ouverture, peut-être par inadvertance, d'un nouvel espace de distraction pour les familles. En ce mois de Ramadhan un peu particulier, puisqu'il se déroule en grande partie pendant la saison estivale, les familles skikdies déferlent, comme à l'accoutumée durant les soirées d'été, sur la corniche de Stora, après le f'tour et les Tarrawih. Empruntant le boulevard Front de mer à pied ou en voiture, des centaines de familles déambulent, ou s'assoient sur les rebords de la corniche, pour deviser et déguster des glaces et autres boissons rafraîchissantes, tout en contemplant la Méditerranée et se laisser bercer par le bruit de ses vagues sur les plages de la corniche. Ces soirées durent jusqu'à des heures tardives de la nuit et constituent la principale, sinon l'unique distraction des familles durant cette période particulière. La nouveauté, cette année, est que beaucoup de familles envahissent, le soir venu, la nouvelle route de l'îlot des Chèvres. La plupart viennent en voiture et s'installent sur le flan maritime de la route en s'asseyant sur la corniche ou sur des chaises de plage qu'ils ramènent, en n'oubliant pas les boissons fraîches, le thermos de thé pour certains, et même des petites tables pour d'autres, pour faire des parties de dominos ou de belote en famille ou entre amis. Les amateurs de pêche ne dérogent pas à leurs habitudes en installant leurs cannes à pêche sur les rebords de la corniche en quête de prise d'un bon mulet car l'endroit est connu des amateurs comme étant très poissonneux. Il faut dire que les lieux sont particulièrement bien éclairés, les trottoirs larges et spacieux permettant aux enfants de faire du skate-board, d'utiliser leurs rollers ou rouler en trottinette. En plus l'endroit est nettement mieux aéré que la côte Ouest, car plus dégagé. Les familles auraient certainement été encore plus nombreuses si un tronçon de quelques centaines de mètres entre le boulevard et la route de l'îlot n'était pas plongé dans le noir, car encore en travaux. Même le nouvel échangeur est investi par des jeunes Skikdis, qui, le soir venu, s'installent à proximité du Bateau (monument érigé en stèle) avec chaises de plage, tables, boissons et zlabias, pour s'adonner à des jeux de société ou se lancer dans des discussions animées. A la fin de ces soirées « aérées », beaucoup de Skikdis se ruent sur les marchands de brochettes ou les fast-foods ouverts la nuit, comme le dernier-né situé à proximité de la Place, qui connaît un franc succès auprès des Skikdis, qui se régalent, pour le s'hour, de crêpes au chocolat ou aux fruits, paninis, chawarma et autres glaces, avant de rentrer à la maison. Ainsi, et face à la pauvreté, sinon l'absence de distractions culturelles ou artistiques, et l'inexistence de lieux de loisirs aménagés, les Skikdis se prennent en charge et s'organisent comme ils peuvent pour meubler leurs soirées ramadhanesques.