La zone des dépôts située à la sortie ouest de la ville de Tizi Ouzou est en danger permanent. Des dizaines d'habitations (400, selon les chiffres officiels), des immeubles, des dépôts de grossistes et même une minoterie sont érigés sur un gazoduc. Mais peu de gens sont informés de la question et ceux qui le sont ne mesurent généralement pas le danger qu'ils encourent. La conduite de gaz d'un diamètre de 300 mm a été installée dans les années 1970. Elle traverse sur une distance de 1,3 km la zone aujourd'hui habitée et qui était des terrains agricoles il y a plus de 30 ans. Malgré le danger, des familles ont bâti sur les surfaces en question. Et c'est récemment que les autorités locales ont décidé de prendre en charge le problème. La solution préconisée est le déclassement du gazoduc. Mais, Sonelgaz exige une facture de 14 millions de dinars pour installer une autre canalisation afin de contourner la zone d'habitation. Comment en est-on arrivé à cette situation ? La chef de daïra de Tizi Ouzou explique : « Ce sont les autorités municipales et l'agence foncière qui, pendant des années, ont continuellement vendu les terrains et délivré des permis de construire. La situation est dangereuse, mais nous nous attelons à résoudre le problème. » La situation est en effet complexe. Les résidents de la zone ont acheté leurs terrains et disposent d'un certificat de possession et d'un permis de construire. Ces documents sont délivrés par la commune. Mais pendant ces dernières années, ils sont confrontés à l'impossibilité de se faire délivrer un acte de propriété. La direction des mines de la wilaya s'oppose en effet à donner son avis favorable à l'opération de lotissement. M. Lourek, directeur des mines et de l'industrie, donne des explications : « Je sais qu'on m'accuse de blocage. Oui, en effet, je bloque. Tant que je suis à ce poste, je ne donnerai pas mon aval pour le lotissement de la zone en question. Vous savez que, par endroits, la conduite traverse les cours des maisons ? Vous savez qu'une minoterie est construite sur le gazoduc ? Pourtant, la réglementation réserve 75 m de part et d'autre du gazoduc pour ses servitudes. Comment pourrait, par exemple, intervenir Sonelgaz en cas de nécessité ? Par où passeraient les grues, les bulls et autres engins ? Il faut signaler que nous enregistrons des changements de potentiel dans la conduite par endroits et des risques de défaillance dans les mises en terre sont réels. Que dire alors si un glissement de terrain survenait ? Le sectionnement de la conduite serait irréversible, et imaginez les dégâts. » Toutes les autorités montrent du doigt l'agence foncière locale pour avoir vendu ces terrains. Les responsables actuels ont remis un chèque de 5 millions de dinars comme première tranche à Sonelgaz pour que cette entreprise entame les travaux de déclassement. Selon le directeur de l'industrie et des mines, Sonelgaz a refusé le paiement par facilités. Pourtant, Chérif Aït Ahmed, président de l'APC de Tizi Ouzou, est optimiste. « Le chèque que l'agence foncière a remis à Sonelgaz nous permettrait de libérer près de 14 ha dont nous avons grandement besoin pour la réalisation d'un programme de logements. » La situation demeure néanmoins sans évolution jusqu'à présent en dépit de l'urgence. Le directeur général de Sonelgaz était la semaine dernière à Tizi Ouzou et la direction des mines devait relancer les discussions avec lui. En tout cas, le plan de déclassement est fin prêt, avec le tracé de la prochaine conduite et le nouveau poste de distribution. Cependant, le cas de la zone des dépôts n'est pas isolé. Dans la localité de ChaIb (est de la ville de Tizi Ouzou), de nombreuses habitations se trouvent également sur le gazoduc.