Le pacte mondial pour des migrations «sûres, ordonnées et régulières» a été officiellement adopté lors de l'assemblée générale à New York, avant-hier mercredi 19 décembre, par 152 voix. 5 pays ont voté contre et 8 se sont abstenus. Débrief. Un vote confirmant l'adoption de ce texte par la conférence intergouvernementale de Marrakech, les 10 et 11 décembre derniers. A l'issue de cette adoption, la représentante spéciale du secrétaire général pour les migrations internationales, Louise Arbour, a déclaré que les politiques nationales de migration sont «mieux maîtrisées par le biais d'une coopération et non de manière isolée…» Et de rappeler : «Nous verrons que des vies auront été sauvées, des conditions de vie améliorées et des communautés s'intégrer et s'épanouir grâce à un développement et une prospérité accrus. A l'avenir, nous serons mieux équipés pour faire appel à un esprit de solidarité plutôt que d'indifférence ou, pire encore, sur un égoïsme qui pourrait autrement nous déchirer.» Pour AntónioVitorino, directeur général de l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM), «ce pacte mondial arrive à un moment important (…) Il contient la promesse d'un discours sur la migration fondé sur des bases factuelles et moins fondé sur des preuves factuelles, d'un plan visant à élaborer des politiques plus complètes pour améliorer la vie des migrants et des communautés dans lesquelles ils vivent, ainsi que de la possibilité de réduire les dangers, le chaos, l'irrégularité et les flux migratoires.» Colère Rejetant d'emblée ce pacte, parce que ne «garantissant concrètement aucun droit au migrant», plusieurs organisations non gouvernementales avaient observé un sit-in au centre de Marrakech, quelques heures après l'approbation du texte par 153 pays. Dans un communiqué qui nous a été remis, les contestataires dénoncent la «crise des politiques migratoires actuelle qui représente une débâcle humaine ayant atteint des proportions jamais observées dans l'histoire contemporaine de la civilisation». Lors de ce sommet, «nous avons conclu que ce pacte ne représente pas un changement dans les politiques anti-migratoires ni dans l'offensive actuelle contre les migrants et les réfugiés menée par de nombreux Etats, en particulier ceux du Nord. Ce pacte consacre en grande partie la continuité les mêmes usages», dénoncent ces ONG, pour qui ce pacte est considéré comme un recul en matière de droits humains, de protection des migrants et de leurs familles, tels que prévus dans les conventions internationales déjà approuvées par les Nations unies et d'autres institutions, dont l'Organisation internationale du travail (OIT). «Le pacte propose une organisation des mouvements migratoires au service des intérêts des Etats et leurs véritables décideurs que sont les sociétés multinationales et les détenteurs des grands capitaux financiers. Mis à part quelques motions, l'essence des droits humains est écartée de ce texte au profit des préoccupations sécuritaires des Etats et des économies…», ajoutent-ils. Et de justifier leur rejet de ce pacte en ces termes : «Pour l'ensemble de ces raisons, nous exprimons publiquement et solennellement notre rejet du pacte et plaçons entre les mains des mouvements sociaux, des collectifs pour la protection des droits humains des migrants, des Etats progressistes et de la société civile notre alternative qui rassemble l'esprit, les conclusions et les recommandations de notre sommet…». Des alternatives qui se basent sur la conviction que «pour nous, femmes et hommes, la migration est un acte individuel et collectif de résistance et de rébellion contre un système. Sur cette base, nous proposons un pacte mondial de solidarité et pour les droits des migrants qui rétablisse la primauté des droits des hommes, des femmes, des enfants et des peuples au-dessus des bénéfices et des intérêts des Etats, des oligarchies et des transnationales…» ; «un pacte pour garantir le droit inaliénable à la libre circulation de toutes les personnes, en promouvant la coopération régionale et internationale…» ; «Un pacte empêchant la criminalisation, la répression ou la rétention des personnes migrantes pour le simple fait de l'être aussi bien lors de leur parcours migratoire que dans leur pays de destination et d'installation…». – Le Maroc obtient 148 millions d'euros de l'Union européenne L'Union européenne vient de doter le Maroc de 148 millions d'euros pour l'aider à lutter contre l'immigration irrégulière. Dans un communiqué publié vendredi dernier, la Commission européenne a annoncé qu'une «enveloppe supplémentaire adoptée au titre du fonds fiduciaire d'urgence pour l'Afrique portera à 148 millions d'euros le montant total de l'aide apportée au Maroc en 2018». Selon le même document, «l'enveloppe contribuera à intensifier la lutte contre le trafic de migrants et la traite d'êtres humains, dont un renforcement de la gestion intégrée des frontières», précise le communiqué, pointant «un contexte de pressions migratoires accrues le long de la route de la Méditerranée occidentale». «Avec le concours de ses Etats membres, l'UE intensifie actuellement son aide au Maroc, un partenaire de premier plan pour l'Union européenne. C'est ensemble que l'UE et le Maroc doivent relever les défis qui se posent actuellement à eux ; ensemble, nous pouvons lutter contre les passeurs, sauver des vies et aider les personnes dans le besoin», lit-on encore dans ce communiqué. C. Berriah