Considérée comme l'un des principaux ravageurs de la tomate, la Tuta absoluta a pourri la récolte d'été. Alors que la récolte d'arrière-saison commence, faut-il s'inquiéter pour nos salades ? Le point avec un spécialiste. Toutes cabossées, plus oranges que rouges, avec une chair blanche et dure : cet été, si les tomates sont si moches, c'est la faute à la Tuta absoluta. Une mite appelée « mineuse de la tomate », arrivée d'Amérique du Sud en 2008 par l'Espagne puis le Maroc. Alors que commence l'arrière-saison (de septembre à fin novembre), faut-il s'inquiéter pour nos salades ? « Il faut savoir que la mineuse fera désormais partie de notre décor pour quelques années, prévient Khaled Moumène, directeur général de l'Institut national de la prévention des végétaux. Mais grâce aux programmes de prévention et de lutte mis en place, la situation devrait s'améliorer. » Suite à la stratégie menée par le ministère de l'Agriculture avec la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) en 2008 après l'infestation des cultures – achat de pièges à base de phéromones sexuelles –, la récolte des tomates cultivées sous serre a été globalement bonne. « Malheureusement, les agriculteurs n'ont pas pris les dispositions nécessaires et la récolte de cet été a été en grande partie touchée. Nous avons acheté de nouveaux pièges, mais ils n'ont pu couvrir que 7% de la superficie plein champs et 15% des serres. » Pour toucher plus de cultures, une nouvelle solution a donc été trouvée pour l'arrière-saison : au lieu d'investir dans des pièges, les agriculteurs doivent s'équiper d'un bac et acheter la phéromone auprès des grainetiers. En parallèle, l'INPV et le ministère de l'Agriculture sont également en train de développer un programme de lutte biologique. Le principe : épandre des insectes prédateurs de la mineuse. « En octobre, la FAO doit venir dresser un état des lieux afin de créer une unité d'élevage de la punaise Nesidiocoris tenuis (le plus efficace des insectes) à Alger avec des antennes à El Tarf, Mostaganem et Boufarik. L'objectif étant de rendre l'unité centrale opérationnelle en juin 2010. » Un spot à la télé L'INPV prévoit également d'installer des filets « insect proof » sur les portes et les fenêtres des serres. Les prochaines récoltes devraient donc être meilleures. « A condition que les agriculteurs jouent le jeu... », nuance Khaled Moumène. Les fellahs, eux, réclament une aide de l'Etat pour financer ces nouveaux investissements. « Mais une phéromone coûte 400 DA et il faut la renouveler trois fois pendant le cycle, ce qui reste très bon marché, se défend le directeur général de l'INPV. D'autant que pour une serre, un seul piège suffit. Il faut aussi que les fournisseurs distribuent les phéromones aux grainetiers, ce qui n'est pas encore le cas partout. » Des campagnes de sensibilisation – sur l'efficacité des pièges, la nécessité de désherber autour des serres, d'éliminer les résidus, de désinfecter les serres…– sont organisées depuis 2008. Dans la wilaya de Tipaza, par exemple, ces rencontres ont donné de bons résultats. En appui, la télé devrait diffuser très prochainement un spot. Enfin, les universités, aussi de la partie, se mobilisent à leur manière via un programme de recherche pour suivre l'évolution de la mineuse.