Ayant à son actif plusieurs œuvres poétiques, des pièces de théâtre et des contes pour enfants, dont « Message à Dieu », édité à 3 000 exemplaires dans sa version bilingue (arabe-français), avec le soutien du ministère de la Culture en 2007, Ali Aloui, poète et écrivain, répond à quelques questions, en marge du colloque tenu à la maison de la culture de Biskra sur la « Littérature pour les enfants ». Pourquoi écrivez-vous pour les enfants ? Qui aujourd'hui accepte le niveau d'éducation, du civisme et de culture de nos enfants ? Pour faire un bon adulte, il faut s'occuper de l'enfant, dont l'épanouissement ne peut se réaliser qu'avec les apports de la famille, de l'école, des médias, du livre et de la connaissance. Si un de ces éléments est défaillant, alors l'enfant est perdu. Ce sont les enfants qui changeront le monde, et j'ai le désir de participer au développement des mentalités et de la vie culturelle de nos enfants en mettant à leur disposition des histoires leur permettant de mieux décrypter le monde et leur environnement. Existe-t-il un marché du livre de jeunesse en Algérie ? Oui, embryonnaire, anarchique, investi par des commerçants dont le seul but est de faire fortune. Pour produire une œuvre de qualité, il faut toute une logistique et une armada de techniciens. C'est un long processus que l'auteur ne peut prendre en charge seul. Nous n'en sommes qu'aux premiers balbutiements d'une littérature de jeunesse algérienne. Le domaine est encore en jachère. Pourtant des livres pour enfants ornent par dizaines les présentoirs des librairies ? Un grand nombre d'entre eux est pernicieux et réellement mal confectionné. Je ne parle même pas des idées qui y sont véhiculées. L'Etat a le devoir de faire le ménage dans ce fouillis où n'importe qui se décrète auteur de livres pour enfants ou éditeur de littérature enfantine. Qu'est ce qui entrave le développement de la littérature de jeunesse en Algérie ? La culture n'est pas une priorité, encore moins la lecture et le livre. Les gens ont d'autres préoccupations plus terre à terre. Nous ne sommes pas une société de lecteurs, mais plutôt de « parleurs ». Il n'y a pas de presse spécialisée et les millions d'intellectuels, constituant la société algérienne d'aujourd'hui, sont une armée figée, passive et incapable de voir où réside l'essentiel pour le futur du pays, lequel passe par la prise en charge des enfants. Quelles solutions prônez-vous ? Il faut mettre en place une structure similaire à un « haut commissariat », composé de politiciens, de spécialistes de l'enfance, de pédagogues et d'artistes, pour tracer une politique sérieuse et urgente afin de trouver le meilleur moyen de pousser les enfants à lire, les écrivains à écrire et les éditeurs à publier. Il n'y pas de raison que nous en soyons arrivés à consommer les histoires et les images des autres, alors que notre culture recèle de richesses littéraires et historiques qui ne demandent qu'à être exploitées. L'instauration d'un prix national pour les auteurs de livres de jeunesse et l'organisation de salons dédiés à ce genre de littérature ne peuvent qu'être bénéfiques.