En abordant la politique d'ouverture des domaines miniers nationaux « qui s'accélère partout aujourd'hui », le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a évoqué indirectement le rôle futur de Sonatrach ou même celui d'Air Algérie, qui pourrait voir l'ouverture de son capital. Intervenant à l'ouverture du 2e congrès africain du pétrole dont les travaux ont commencé hier à l'hôtel Hilton, le chef de l'Etat a déclaré : « L'autonomie des compagnies ne veut pas dire que le conseil d'administration fait ce qu'il veut. » Tout en plaidant l'autonomie des compagnies, Bouteflika a insisté sur leur contrôle et d'évoquer, comme exemple, l'accumulation des dettes. La liberté donnée aux compagnies a créé des dangers, a-t-il estimé, en évoquant la période du programme d'ajustement structurel. Dans la foulée, le chef de l'Etat a évoqué Sonatrach et Air Algérie, mais tout en précisant ne viser personne, surtout pas le ministre de l'Energie. Abordant la réforme prochaine, « que nous allons entamer », il a défini Sonatrach comme une partie de l'Etat. Ce qui veut tout simplement dire que si la compagnie nationale des hydrocarbures va gagner en autonomie avec la séparation des rôles, elle n'activera pas en « électron libre ». Et le ministre, comme le chef du gouvernement ou la Présidence constituent des autorités qui devront exercer leur contrôle sur « le bien du peuple ». C'est en abordant la question de « la souveraineté réelle sur les ressources énergétiques » que le chef de l'Etat a parlé de Sonatrach, mais aussi des réformes en déclarant que « les pays producteurs ne peuvent pas seuls investir (...), qu'on n'est plus dans les années 1970, que le rapport de forces a changé (...), qu'il y a de nouvelles données »... « ll faut que le peuple algérien, les travailleurs et l'élite comprennent que le monde a changé », a déclaré le chef de l'Etat, qui a fait un véritable plaidoyer pour la réforme du secteur des hydrocarbures. Dans son discours d'hier, une grande partie était consacrée aux rôles de l'Etat et des sociétés nationales. « La souveraineté réelle sur les ressources énergétiques s'exprime de plus en plus à travers la performance des acteurs énergétiques nationaux qui doivent se hisser à un standard mondial de plus en plus exigeant », a estimé le chef de l'Etat, qui a ajouté : « L'ouverture des domaines miniers nationaux qui s'accélère partout aujourd'hui se différencie ainsi fondamentalement de celle connue sous le régime des concessions durant la première moitié du siècle précédent, car l'élément moteur, porteur d'avenir, repose précisément sur les compagnies nationales. Cette ouverture aura pour conséquence une modernisation et une augmentation de la production nationale. » Pour Bouteflika, « le poids pétrolier des Etats producteurs sera à l'avenir déterminé davantage par les performances de leurs compagnies nationales que par le niveau de leurs réserves ou de leur production nationale ». Concernant les travaux du congrès, le chef de l'Etat a souhaité que les résultats « aillent tous dans le sens du développement durable en Afrique pour le plus grand bien de nos peuples ». Et d'appeler aussi à l'utilisation des ressources pétrolières pour parvenir à une croissance économique soutenue afin d'accroître la richesse nationale, résorber le chômage, consolider la justice sociale par une répartition équitable de la richesse nationale et veiller à la préservation de nos ressources naturelles et de l'environnement. Le chef de l'Etat a officialisé une proposition algérienne au congrès pour « appeler à la création d'une société multinationale de lutte contre la pollution marine et des zones côtières par les hydrocarbures ». « Cette entité dotée de dispositifs institutionnels, réglementaires, juridiques et matériels serait chargée d'élaborer un plan de lutte contre les déversements accidentels de pétrole et de réunir les moyens d'intervention adéquats en cas de risque majeur. Elle pourrait, dans un premier temps, regrouper les pays riverains de la Méditerranée et ceux de l'Afrique de l'Ouest. » Abordant la contribution de l'Algérie dans le domaine énergétique, Bouteflika a déclaré : « La compagnie nationale Sonatrach continue à être le fer de lance de nos efforts orientés vers l'Afrique. Elle consacre déjà des ressources significatives pour l'exploration et la production dans plusieurs pays africains membres ou non de l'APPA, car nous sommes convaincus que l'avenir du secteur pétrolier et gazier africain est très prometteur. » Par ailleurs, l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures doit passer en Conseil des ministres le 22 février, a déclaré hier le ministre de l'Energie et des Mines en marge des travaux du 2e congrès africain du pétrole.