Tel un roman fleuve, l'affaire de la DJS de Souk Ahras continue de créer l'évènement sans jamais augurer une fin logique aux péripéties d'une histoire où plusieurs protagonistes demeurent inconnus. Sur instruction du ministère de tutelle, sept employés du secteur, condamnés l'été dernier par le tribunal territorialement compétent (voir nos éditions précédentes), ont été récemment suspendus de leurs postes. Si la condamnation est, incontestablement, du ressort des instances judiciaires compétentes, sinon soumise à l'appréciation des structures de contrôle de la justice, et si l'application intégrale des textes régissant les relations du travail, notamment pour ce qui est de la probité du fonctionnaire, sont à discuter du côté de ceux qui légifèrent l'impunité garantie pour certaines personnes impliquées dans ce scandale avéré, elles donnent encore matière à jaser. Des élus de premier rang, des cadres administratifs, des fournisseurs opulents et bien introduits, des promoteurs et des responsables moyens, cités dans le rapport des enquêteurs de la gendarmerie nationale, n'ont jamais été auditionnés pour les délits de dilapidation de deniers publics, faux et usage de faux, surfacturation, transactions douteuses et autres chefs d'accusation qui collent toujours à leurs auteurs. Les avocats des 28 principaux mis en cause n'ont-ils pas cité les noms de certains responsables lors de leurs plaidoiries, arguant que « tout le monde est justiciable quel que soit son poste de responsabilité ou son rang social » ? Pourquoi deux rapports d'expertise financière pour une seule affaire ? A quoi aura servi le premier rapport critiqué par toutes les parties sans réserve ? Autant de questions qui foisonnent dans la tête du citoyen lambda, prises dans le tas. Il est utile de rappeler que le secteur, timoré depuis sa naissance, n'est pas à son premier roman sans épilogue. Le passage en 2001 des enquêteurs de l'IGF à l'OPOW Badji Mokhtar a permis de révéler de graves irrégularités dans la gestion financière. Le dossier transmis pour enquête sera renforcé, après investigations de la police judiciaire, par d'autres détails confirmant la gravité des faits. Le tout a été effacé d'un revers de manche. Seraient-ce les signes avant-coureurs d'une justice de classe en Algérie ?