S'achemine-t-on vers la fin de l'impunité d'Israël pour les crimes de guerre commis contre les Palestiniens dont la dernière tragédie en date, l'agression contre les populations civiles de Ghaza en janvier dernier, fut qualifiée par de nombreuses organisations des droits de l'homme de crime contre l'humanité ? Le président de la mission d'enquête du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur l'offensive israélienne à Ghaza, le Sud-Africain Richard Goldstone, qui a conduit le dossier sur l'apartheid en Afrique du Sud « Vérité et réconciliation », a annoncé hier à Genève que la mission se rendra début juin à Ghaza pour « des auditions publiques » de témoins. Bien évidemment, il ne faudrait pas attendre de la partie israélienne à ce qu'elle déroule le tapis rouge pour la mission d'enquête de l'ONU qui part avec des préjugés plutôt favorables quand on voit la composante de la mission présidée par Richard Goldstone qui n'est autre que le procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda. En fermant ses frontières à la mission d'enquête de l'ONU, qui se voit ainsi contrainte de rejoindre Ghaza via l'Egypte, Israël vient de signifier tout le bien qu'elle pense de cette initiative de la commission des droits de l'homme de l'ONU. Le président de la commission d'enquête sur les crimes commis par Israël à Ghaza, qui a eu à gérer d'autres dossiers de violation des droits de l'homme, semble être paré pour faire face à tous les obstacles qui pourraient se dresser sur son chemin. D'où l'initiative de la mission d'auditionner à Genève des témoins israéliens qui ne pourront pas se rendre en territoire palestinien. Les investigations sur le terrain devraient durer un mois ; la présentation du rapport devant la commission des droits de l'homme de l'ONU est prévue au plus tard le 4 août. Ceci pour l'agenda et la feuille de route de la mission d'enquête. Reste la réalité sur le terrain et les interrogations sur les chances de succès de cette mission sur lesquelles beaucoup ne se font pas d'illusion, car Israël n'est ni la Yougoslavie ni la Rwanda où la justice du Tribunal pénal international fut rendue et exécutée avec fermeté et non sans le concours actif des grandes puissances. Or, il se trouve que ce sont ces mêmes grandes puissances, à leur tête les Etats-Unis d'Amérique, qui avaient, par leur soutien à l'agression israélienne présentée comme une opération de légitime défense contre les roquettes de la résistance palestinienne, encouragé Israël à défier la communauté internationale. Et quand on sait le poids de ces pays qui disposent, usent et abusent du droit de veto dans les instances internationales comme ils l'ont déjà prouvé avec constance chaque fois qu'Israël est au banc des accusés, il ne faudrait pas s'attendre à un nouveau Nuremberg pour les crimes commis par Israël à Ghaza. La mission (impossible ?) d'enquête de l'ONU ne pourrait pas faire plus que les résolutions et décisions du Conseil de sécurité qui ont toujours permis à Israël, fort du soutien et de la complicité de ses puissants alliés, de se tirer à très bon compte même dans les situations difficiles à plaider relevant du banditisme d'Etat comme la dernière agression contre Ghaza. Avec la disparition en Espagne et en Belgique des dernières juridictions où s'exercent les lois sur la compétence universelle en Espagne qui permettent de se saisir de plaintes et de juger des personnes hors de leurs pays d'origine, c'est le dernier espoir qui s'évanouit pour lutter contre l'impunité dont jouissent les Etats comme Israël et les responsables peu soucieux du respect des droits de l'homme dont le premier d'entre eux, celui de vivre libres et indépendants dans leur pays.