L'Iran est de nouveau dans l'œil du cyclone. Avec la révélation par les agences de renseignement américaine, française et britannique de la construction par Téhéran d'un second centre d'enrichissement d'uranium qui s'ajoute à celui de Natanz dans le centre du pays, le dossier du nucléaire iranien revient au devant de l'actualité internationale. L'Iran qui est accusé par les pays du groupe de contact (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie et Chine ; ces deux derniers pays jouant le rôle de modérateurs au sein du groupe) de dissimuler des informations sur son programme nucléaire a, cette fois-ci, pris de court ses détracteurs en informant officiellement l'Agence internationale de l'energie atomique (AIEA) de son nouveau projet le 21 septembre dernier. Les pays de l'axe Washington-Londres- Paris qui semblent avoir créé tacitement une nouvelle coalition qui se décline comme la ligne dure de confrontation avec l'Iran face aux autres pays du groupe de contact jugés trop frileux à leur goût doutent de la bonne foi de l'Iran. On reproche à ce pays d'avoir caché à la communauté internationale l'existence de ce nouveau centre même si les dirigeants iraniens, qui par la voix du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, vient d'exprimer la disponibilité de son pays pour coopérer avec l'AIEA en vue de l'inspection « conformément aux règles » de ce nouveau site nucléaire. Le responsable de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique Ali Akbar Salehi a confirmé cette volonté de l'Iran d'ouvrir l'accès du nouveau site aux inspecteurs de l'AIEA. Incontestablement, tout indique dans cette nouvelle affaire du dossier nucléaire iranien que le timing dans la révélation par les pays occidentaux de l'objet du « délit » ne cède rien au hasard. La dernière réunion du Conseil de sécurité qui s'était tenue ce jeudi et qui aurait été le cadre le plus indiqué pour débattre de cette question a carrément fait l'impasse sur le sujet. Les grandes puissances ont préféré laissé l'exclusivité du dossier iranien au sommet américain de Pittsburgh pour contourner l'écueil du Conseil de sécurité où les positions de la Chine, alliée de la Corée du Nord -qui a les mêmes démêlés sur le dossier nucléaire- et la Russie sont loin d'être convergentes. Mais aussi pour conférer une espèce de légitimation internationale au président américain Barack Obama en butte à de sérieuses difficultés au plan interne avec le sentiment de frustration qui gagne de larges couches de la société américaine qui ne voient pas se concrétiser les promesses électorales incarnées par le candidat Obama qui avaient soulevé un vent d'espoir pour les démunis et les laissés pour compte de la société américaine. Le sommet du G20 de Pittsburgh qui devait se pencher sur l'examen de la crise financière et économique mondiale et les voies et moyens à mettre en œuvre pour en sortir est transformé en un sommet sur le nucléaire iranien éclipsant du coup les objectifs et les enjeux économiques que s'était fixé ce rendez-vous des pays les plus industrialisés de la planète. La menace iranienne est-elle donc à ce point beaucoup plus grave, nécessitant un traitement d'urgence et une mobilisation de la communauté internationale face à un danger planétaire que la crise qui affecte l'économie mondiale et dont le sommet américain n'aura été qu'un coup d'épée dans l'eau ? Si le souci de la troïka (Etats-Unis d'Amérique, Grande-Bretagne, France), qui s'est d'une certaine manière accaparée le dossier nucléaire iranien, est réellement d'œuvrer à l'avènement d'un monde dénucléarisé comme ils le prétendent, alors pourquoi seuls l'Iran et la Corée du Nord figurent sur leur tableau de chasse ? D'autres pays, dont le potentiel nucléaire est pourtant un secret de polichinelle à l'image d'Israël, ne dérangent pas ces mêmes « bonnes consciences ». Deux poids deux mesures.