Son ministre de l'Intérieur persiste et signe sur «la supériorité de la civilisation occidentale» en visant clairement les musulmans. Marine Le Pen, sans surprise, s'attaque avec une rare mauvaise foi à la viande halal, en laissant supposer que la France ferait face à un «tsunami islamique».La droite et son extrême se lancent dans une surenchère islamophobe qui risque de créer une fracture irréversible du vivre-ensemble. Les Français de confession musulmane sont-ils encore français ? Ces discours sont à l'origine de blessures profondes qui ne se refermeront pas de sitôt, la communauté musulmane, assimilée injustement à un corps allogène, voire anxiogène, n'aspire qu'à un oubli républicain. Comme tous les autres. «Si l'on ne maîtrise pas l'immigration alors que le chômage reste si élevé, notre protection sociale ira droit à la faillite. Et alors, ce seront toujours les mêmes, les plus vulnérables, qui en souffriront le plus. Je n'ai jamais été et je n'ai pas changé et je ne changerai pas, sur l'immigration zéro.» Nicolas Sarkozy promet aux Français anxieux de perdre leur emploi et de venir grossir les rangs des chômeurs – près de 10% de la population active – de renvoyer plus d'immigrés illégaux et de durcir encore l'entrée en France. Et de promettre de régler la question par un référendum en opposant les immigrés, forcément des assistés vivant des aides sociales, et les lève-tôt, les smicards. Existe-t-il encore une droite républicaine en France ? On savait que les étrangers serviraient encore de punching-ball pour un gouvernement en mal de bilan, on redoutait les dérapages de l'extrême droite, on se retrouve une nouvelle fois avec une stratégie cynique d'un candidat qui va livrer les immigrés en pâture à un corps électoral supposé être raciste. Le parti présidentiel, l'UMP, n'a pas économisé ses efforts pendant cette mandature pour faire du musulman l'origine de tous les maux. Burqa, laïcité, prière de rue, identité nationale, la machine de guerre de Jean-François Copé a fait du musulman le juif des années 30. Une campagne électorale ne peut justifier ces dérapages contrôlés. Deux mois, c'est long et court ; court pour les candidats, long, très long pour les étrangers. Il ne ferait pas bon pour eux de vivre en France pendant cette parenthèse désenchantée. Talonné dans les sondages, l'encore locataire de l'Elysée fait une campagne agressive pour tenter de siphonner une nouvelle fois l'électorat de la fille Le Pen en allant brocarder sur ses terres. Le rapt a réussi en 2007. Cette fois-ci, les Français risquent de choisir la copie à l'original. L'UMP aurait perdu et les élections et son âme.