Les Européens, notamment les dirigeants de l'Union, tendaient hier une oreille attentive vers Dublin pour écouter la volonté de ces imprévisibles Irlandais pour qui tous les chemins ne mènent pas forcément à Bruxelles. Et au bout de l'angoissante attente, la délivrance ! Les gens du Nord ont finalement dit majoritairement oui à l'Europe au grand soulagement de toute l'Europe suspendue au verdict de ce petit pays. Et c'est un oui massif qui pèse 67,1% des suffrages exprimés qui en est sorti cette fois des urnes irlandaises ayant été fatales en 2008 au texte de l'Union européenne. Ainsi 16 mois après le retentissant non au traité de Lisbonne, les Irlandais reviennent à de meilleurs sentiments envers l'Europe et disent oui à l'issue de ce deuxième référendum. Le Premier ministre irlandais, Brian Cowen, s'est félicité avant même la confirmation des résultats d'une victoire « éclatante » du oui. « Je pense que c'est bon pour l'Irlande car je crois passionnément que notre avenir se situe au sein de l'Union européenne », a ajouté le chef de la diplomatie irlandaise. Son secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Dick Roche, a évoqué de son côté une victoire « écrasante ». « C'est écrasant. » Et ce oui franc et massif n'a pas fait que des heureux. L'homme d'affaires Declan Ganley, figure de proue du camp du non, a, certes, reconnu qu'« il s'agit d'une victoire très convaincante » pour le camp du oui mais il ajoute que « les Irlandais sont terrifiés. C'est un vote basé plus sur la crainte que sur l'espoir ». Mais l'heureuse nouvelle a surtout reçu un triomphe à Bruxelles. « Merci l'Irlande », a lâché le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. « Aujourd'hui est un bon jour pour l'Europe », a souligné, quant à lui, le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, dont le pays assure la présidence de l'UE jusqu'au 31 décembre. Mais bien qu'elle ait concédé le vote du traité, l'Irlande a tout de même posé ses conditions avant le vote. Dublin a bénéficié d'un traitement de faveur de la part de l'UE de ne pas toucher à ses « spécificités celtiques » : l'interdiction de l'avortement, la neutralité militaire et un faible taux d'imposition. De plus, si le traité est adopté, l'Irlande continuera à disposer de « son » commissaire européen. Le texte doit être approuvé par l'ensemble des 27 pour entrer en vigueur. Seule l'Irlande est tenue, de par sa Constitution, de se prononcer par référendum tandis que 24 capitales européennes ont déjà achevé le processus de ratification. Mais la partie n'est pas tout à fait gagnée. Les Tchèques traînent encore la patte dans le processus de ratification. Et le retard risque d'être payé cash.