De violents affrontements entre étudiants et agents de sécurité se sont produits hier à la cité Ziani Lounes de l'université M'hamed Bouguerra de Boumerdès. Les heurts ont commencé vers 13h, quand les étudiants ont tenté de regagner leurs chambres dans ladite cité qui leur a été interdite suite à la décision de supprimer la mixité prise dernièrement. Les étudiants, une centaine, ont agi de la sorte « suite à l'entêtement des responsables qui refusent de revenir sur leur décision ». Mais les protestataires ont été surpris par l'attitude d'agents zélés qui les ont attaqués violemment à l'aide de barres de fer et de bâtons. Commence alors un échange de jets de pierres entre les deux parties. Bilan : une quarantaine de blessés dont 3 agents de sécurité. Alors que nous étions sur les lieux, il n'y avait aucun responsable pour apaiser les esprits et ramener le calme. Pis, ces derniers ont, selon les étudiants, appelé des renforts d'agents pour contrer l'action des étudiants et les obliger à sortir de la cité. « C'est notre maison, vous avez envahi notre maison. Comment voulez-vous que je réagisse ? Moi j'ai reçu des instructions, cette cité est réservée aux filles, comment veux-tu que je te laisse entrer ? » assène un agent de sécurité à un étudiant qui refuse de sortir. Nous avons vu des agents de « sécurité » armés de bâtons et de pierres pousser les étudiants afin de leur interdire d'approcher des pavillons. « Le règlement intérieur nous permet d'accéder à cette cité pour manger. Mais les responsables n'ont pas encore ouvert le restaurant », tonne Mouloud. La tension et la colère étaient perceptibles sur tous les visages. « L'administration a mobilisé un nombre impressionnant d'agents et autres travailleurs pour agresser les étudiants », nous dit un autre étudiant. « Moi je travaille à l'ex-INH mais je suis venu ici sur ordre de mon chef », nous dit un agent. « Ils ont reçu des instructions de leurs responsables qui, apparemment, les ont menacés de licenciement s'ils ne se solidarisent pas avec leurs camardes », soutient un étudiant. Fait gravissime, un travailleur, avec une barbe, brandissait une pancarte sur laquelle était écrit, en arabe « Al kifah heta al mawt » (nous combattrons jusqu'à la mort), a-t-on constaté sur place. A quelques mètres de là, une quinzaine d'étudiantes voilées, affiliées à l'UGEL, selon des témoignages des étudiants agressés, formaient un cordon pour empêcher les étudiants d'avancer, tandis que la plupart des résidentes se disent contre la suppression de la mixité ou, du moins, s'opposent au changement de résidence. Vers 14h30, deux animateurs de l'UGEL arrivent et renforcent le camp des agents de sécurité pour empêcher leurs camarades étudiants de rejoindre leurs chambres dans la cité. « Ces deux étudiants ne sont pas dans cette cité l'un réside à l'ex-INH et l'autre à Corso, comment explique-t-on leur intervention pour rajouter de l'huile sur le feu ? » réagit Ouahab. La tension s'est exacerbée, mais aucun responsable n'a daigné se rendre sur les lieux. Pendant la matinée, des étudiants ont fermé, pour la deuxième semaine consécutive, le service d'hébergement de l'ex-INH afin de bloquer les inscriptions et le transfert des dossiers des résidents. Interdiction d'approcher les pavillons Ils nous ont déclaré : « Nous avons décidé de maintenir notre action jusqu'à l'annulation de cette décision qui a été prise sans nous et contre les étudiants des deux cités. Ils trouvent que la décision leur crée d'énormes désagréments et risque de les déstabiliser, surtout ceux en fin de cycle. » Dans une déclaration signée par plusieurs organisations et associations activant au sein de la cité Ziani, les étudiants demandent la démission du directeur de l'ONUB. De leur côté, de nombreuses filles ayant changé de résidence affirment que la décision de suppression de la mixité n'est qu'un prétexte pour des objectifs inavoués. Dans un document remis aux responsables de la DOUB, ces dernières, qui résidaient à l'ex-INH, signalent : « Si vraiment ils s'inquiètent pour notre sécurité, ils n'ont qu'à ouvrir le portail de la faculté faisant face au restaurant pour nous éviter de faire un détour par l'extérieur pour aller manger. » La semaine dernière une vingtaine d'étudiants ont passé une nuit blanche, à la belle étoile, suite à leur interdiction d'accès au pavillon de la cité Ziani.