Hier, les travailleurs du complexe ArcelorMittal El Hadjar tout autant que les habitants des communes riveraines – El Hadjar et Sidi Amar – étaient au cœur d'une panique générale à l'annonce de la fermeture de la cokerie par le wali de Annaba sur les ondes de la Radio nationale pour éviter des incidences sur la population. Déjà annoncée en août 2009 par Vincent Legouic, le directeur général du complexe indien, la fermeture prévue ce week-end de la cokerie est due à la vétusté de l'installation en activité depuis 1978. « Il faut savoir que la durée de vie d'une cokerie est de l'ordre de 30 ans. Continuer aujourd'hui à l'exploiter relèvera d'un danger pour la sécurité des travailleurs. Nous avons établi une expertise assurée par des experts en la matière dépêchés par le groupe qui a confirmé en juillet dernier la nécessité de rénover toute l'unité dont les travaux nécessiteront une année. Quant à l'enveloppe allouée pour l'opération, elle oscille entre 15 et 20 millions d'euros », expliquera Vincent Legouic. Ainsi, des experts bosniaques sont déjà sur place depuis 2 jours pour superviser l'arrêt et entamer l'opération. Ils comptent, selon Guedha Med, directeur des ressources humaines de l'usine, mettre en veilleuse la cokerie, sans l'éteindre, avant de procéder à sa rénovation totale. Cela ne saurait, cependant, avoir d'incidence sur le processus de production du complexe car, selon toujours le même responsable, la direction générale a pris toutes ses dispositions à l'effet d'assurer l'approvisionnement des hauts fourneaux 1 et 2 en coke dont l'unité de la cokerie assurait la transformation depuis le charbon. « En prévision de cet arrêt technique qui durera un an, la direction générale de notre complexe a entamé, il y a déjà plusieurs semaines, l'importation et le stockage du charbon depuis l'usine ArcelorMittal Pologne. » Dispositions prises également sur le plan social où les 320 travailleurs qui sont affectés à l'unité de la cokerie n'ont rien à craindre sur leur avenir professionnel, à en croire le directeur des ressources humaines. « Hormis 30 à 40 agents en âge de déposer leur dossier de retraite, le reste des travailleurs dont une partie restera sur place pour assurer des missions de maintenance, sera affecté à d'autres unités du complexe. L'option du chômage technique est à exclure », rassurera le DRH d'ArcelorMittal. Du côté du syndicat, la vision est tout autre. Smaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat d'entreprise, incombe la situation au manque flagrant d'investissement dans l'unité de la cokerie par l'employeur. C'est du moins ce qui ressort de sa déclaration lorsqu'il affirme : « Les signes de fatigue de l'unité de la cokerie sont dus au manque cruel d'investissement. Amortie à 100%, cette infrastructure qui est en service depuis 1978 nécessite le remplacement total de son ossature métallique. D'ailleurs, depuis mai 2009, la production de l'unité de la cokerie est en nette régression. Heureusement que le groupe ArcelorMittal est le premier producteur mondial du charbon. Ce qui n'affectera pas son usine de Annaba en combustible. Nous avons des stocks en charbon à même d'assurer un approvisionnement jusqu'à fin 2010. » Sur le plan social, le syndicaliste est également optimiste après avoir appris que « les charbonniers » ne seront pas concernés par le chômage technique. A vrai dire, la déclaration, hier, du wali de Annaba qui a désigné une commission ad-hoc dont la mission est de lui faire part de ses conclusions en matière de sécurité des installations de la cokerie a généré un vent de panique dans le milieu des travailleurs et des populations avoisinantes du complexe.