Rachid Ramda cherchait à passer pour une victime des services de renseignement algériens. Il comptait sur l'ancien ministre français de l'Intérieur pour confirmer sa position de victime collatérale. Il lui reprochait d'avoir tenu des propos équivoques, en 1995, dans la presse. Paris De notre bureau Jean-Louis Debré a témoigné, hier, par visioconférence, au procès en appel de l'islamiste Rachid Ramda, démentant avoir tenu des propos faisant état d'une éventuelle manipulation des djihadistes par les services secrets algériens.L'actuel président du Conseil constitutionnel, « forcé de suspendre » une séance pour témoigner, s'est exprimé par visioconférence depuis une salle du Conseil d'Etat devant la Cour d'assises spéciale de Paris. La défense du financier présumé des attentats de 1995 à Paris souhaitait l'entendre en raison de propos que lui attribuaient plusieurs articles de presse à l'époque : « La sécurité militaire algérienne voulait que l'on parte sur une fausse piste et qu'on élimine des gens qui les gênent. » Cette thèse est soutenue par les avocats de Rachid Ramda, condamné en première instance à la réclusion perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans pour l'attentat du 25 juillet 1995 à la station Saint-Michel (8 morts, 150 blessés), ainsi que pour les deux autres, perpétrés en octobre de la même année aux stations Maison-Blanche et Musée d'Orsay, qui avaient fait des dizaines de blessés. Droit dans ses bottes, le visage fermé, Jean-Louis Debré balaie l'affirmation : « J'ai démenti à chaque fois que ces propos sont réapparus, je démens ces propos qui ne sont pas l'expression de ce que j'ai dit. On peut me faire dire ce que l'on veut, j'ai toujours démenti et je démentirai toujours. Sceptique, maître Anne-Guillaume Serre, l'un des avocats de Rachid Ramda, lui rétorque : « La raison d'Etat existe-t-elle ? », récoltant une réponse cinglante du « sage » : « Je ne l'ai jamais rencontré. » Au bout d'une demi-heure d'audition, l'audience est suspendue. La semaine dernière, c'est en évoquant notamment le non-respect présumé de la présomption d'innocence que sa défense avait tenté d'obtenir l'annulation du procès. L'ensemble des conclusions des avocats de Rachid Ramda a été rejeté. Le verdict est attendu vers le 13 octobre. Rachid Ramda, jugé en appel pour son implication dans les attentats de 1995 à Paris, s'est tenu à une ligne de défense depuis le début du procès : il est innocent et n'a jamais été un financier du GIA. Il déplore de n'avoir « jamais bénéficié de la présomption d'innocence ni des mêmes droits que n'importe quel autre détenu ». « S'il y a eu une erreur, pourquoi ne pas l'avouer ? », avait-il lancé en évoquant la procédure judiciaire à son encontre depuis son arrestation à Londres en 1995 jusqu'à sa condamnation à la prison à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, le 26 octobre 2007.