Connaissez-vous Amine Benalia-Brouch ? A priori, ce nom ne vous dirait rien. En revanche, si l'on associe ce nom avec celui de Brice Hortefeux, le ministre français de l'Intérieur, l'association ferait tilt dans la tête. Amine Benalia-Brouch est ce jeune Maghrébin dont la vidéo a soulevé une vaste polémique en France en raison de propos équivoques tenus par Hortefeux sur les origines arabes du jeune homme. Par un extraordinaire retournement de situation, ce Français, né de père Algérien et de mère Portugaise, est passé de statut de victime à celui de coupable. Insulté, vilipendé, ce vendeur de pièces détachées pour automobile fait aujourd'hui l'objet de menaces. Choqué, Amine, 22 ans, a décidé de porter plainte « pour insultes et injures à connotations raciales, incitation à la haine raciale et menaces de mort ». C'était le 5 septembre 2009. Amine, militant au sein de l'UMP, depuis trois ans, est présent à l'Université d'été des jeunes sarkosistes organisée par le parti de la majorité présidentielle à Seignosse (Landes). Lors d'une rencontre filmée avec Brice Hortefeux, ce dernier se laisse aller à des réflexions sur les origines d'Amine. « Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes », dit-il. Jusque- là rien de grave. Mais voilà. Le 10 septembre, le journal Le Monde met en ligne sur son site la fameuse vidéo qui déclenchera aussitôt une tempête médiatique. Accusé d'avoir proféré des propos à connotation racistes, le ministre de l'Intérieur s'indigne et réfute l'accusation en expliquant qu'il faisait plutôt référence à ses origines auvergnates. Pendant que la polémique fait rage, Amine se terre chez lui. Sollicité par la presse, il refuse toute demande d'entretien. Si Amine fait même son entrée aux Guignols de l'Info sur Canal +, son quotidien est devenu un calvaire. Son patron refuse de lui renouveler son CDD sans donner d'explications. Quand il se rend à un entretien d'embauche, les employeurs prennent peur et refusent de donner suite à sa demande. Dans la rue, le jeune homme est insulté. Sur Internet, il est traité de « sale Arabe », reçoit des menaces de mort du genre « on va te lyncher sur la place publique » et a droit à une vidéo le montrant avec une kalachnikov pointée sur sa tempe. Suite au dépôt de plainte, le parquet de Dax envisage de le mettre sous protection policière. Et Brice Hortefeux ? Le ministre est cité à comparaître le 17 décembre prochain devant la 17e chambre correctionnelle de Paris pour deux injures raciales à la demande du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples).