Il était là, hier, dans cette salle de la Maison du peuple transformée en « maison des artistes » à l'occasion de cette conférence du Syndicat national des artistes algériens. Lui, c'est Hamza Feghouli, plus connu sous le sobriquet de Ma Messaouda, cette brave maman qui prodiguait des leçons de vie à ce benêt de H'didouane. Ce dernier, de son vrai nom Ikkache M'hamed, nous a quittés depuis et Ma Messaouda est bien seule aujourd'hui. Les deux compères firent équipe plus de dix ans durant, faisant les beaux jours de tous les mômes des années 1970 avec leur fameux programme pour enfants El hadiqa essahira (le jardin enchanté), diffusé par la RTA. « On nous a oubliés ! », déplore le comédien. A 71 ans, Hamza Feghouli se sent encore l'envie de donner plein de choses. Mais il a le sentiment que les temps ont bien changé, lui qui eut même droit aux hommages du président Boumediène. « Les artistes algériens sont méprisés, marginalisés, leurs droits bafoués. Combien d'entre eux sont morts dans la misère et le dénuement... », fulmine-t-il. Son talent de comédien l'a peut-être aidé à faire le deuil d'El hadiqa essahira mais pas de H'didouane, son éternel alter ego, mort dans l'anonymat le plus total. Hamza Feghouli a su troquer les tatouages de Ma Messaouda contre une brochette de rôles qui lui ont valu une filmographie honorable : l'Inspecteur marque un but, l'Honneur de la tribu et surtout le Clandestin qui fit un carton). Pourtant, c'est à son métier originel qu'il doit sa « survie ». « Je suis un parfait autodidacte. A l'origine, ma profession, c'était manipulateur radio à l'hôpital de Tiaret », confie-t-il en nous expliquant que c'est à ce titre qu'il a pu bénéficier d'une couverture sociale. « J'ai toujours travaillé au cachet, dans tout ce que j'ai fait avec la télévision. Aujourd'hui encore, je ne dois mon salut qu'à mon statut d'ancien employé d'hôpital, ce qui me permet de jouir d'une pension de retraite. » Hamza Feghouli a été la cible d'un attentat terroriste à Tiaret, sa ville, en 1995. Fort heureusement, ses bourreaux l'ont manqué. Aujourd'hui, Ma Messaouda joint sa voix à celle de tous les « intermittents du spectacle » folâtrant sous nos cieux qui réclament un peu de reconnaissance et de dignité et qui militent âprement pour qu'ils ne finissent pas « intermittents de la vie »…