Les habitants du quartier les Eucalyptus ont procédé, hier, à la fermeture de la rue Abane Ramdane, artère principale du chef-lieu de wilaya. Ils exigent la réhabilitation de leurs immeubles fortement touchés lors de l'attentat kamikaze qui avait, le 3 août 2008, ciblé le commissariat des Renseignements généraux de Tizi Ouzou. Ils demandent également l'indemnisation des véhicules endommagés lors de cet attentat, l'aménagement des espaces communs (cours, trottoirs et l'assainissement). « Depuis, personne n'a daigné penser à notre sort. Certes, les représentants de l'administration sont venus pour faire le recensement des dégâts occasionnés, mais rien n'a été fait à l'exception d'un coup de peinture à l'extérieur, histoire de faire semblant d'avoir tout remis en l'état », clame, en colère, un jeune rencontré à l'entrée d'un bâtiment dans la même cité. « Vous voyez, rien ne va. Tout a été laissé comme au premier jour de l'attentat », a-t-il ajouté. Effectivement, dans les cages d'escaliers, l'on a remarqué encore des fissures. Les protestataires ont également fait part d'un danger qui guette continuellement leurs enfants étant donné que la démolition des infrastructures du commissariat ébranlé par la bombe a provoqué un dangereux précipice avec un risque permanent sur les enfants. « Il y a un sérieux problème ici. Ce mur reste toujours nu sans le moindre coup de crépissage. D'ailleurs, durant les jours de pluie, les appartements sont inondés », ajoutent les protestataires qui ont investi, dans un premier temps, la rue longeant les immeubles, qui a été obstruée à la circulation. Il était 9h lorsque les contestataires commençaient à se regrouper devant leur cité, interdisant tout passage de véhicules sur cette artère, bloquée par des barricades de fortune. Ils exigent la venue du chef de daïra. Ce dernier ne s'est pas déplacé sur les lieux. Cela n'a pas été du goût des protestataires qui ont décidé de durcir le ton pour se faire entendre. Ils ont, ensuite, investi la grande rue, au centre-ville, qui est devenue, en un tour de main, jonchée de toutes sortes de débris et des troncs d'arbres ainsi que de pneus en feu. La circulation a été perturbée pendant plus de quatre heures où les automobilistes ont dû faire des détours, mais la situation était très difficile en raison d'un immense embouteillage qui a bloqué la ville. A 14h, des éléments de la brigade anti-émeutes se sont dépêchés sur les lieux pour pourchasser les manifestants. L'on a dénombré l'arrestation de cinq jeunes. Ils seront relâchés quelques minutes plus tard. Dès lors, des dizaines de policiers ont investi aussi bien la grande rue que le quartier des Eucalyptus qui a été quadrillé pendant plus d'une heure pour empêcher les manifestants de revenir à la charge. Un camion chasse-neige s'est affairé à dégager toutes les barricades érigées par les contestataires sur la voie publique. La circulation a repris son cours normal vers 15h.