Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, s'est gardé de s'exprimer, du moins d'une manière claire, sur les accusations portées contre son secrétaire général impliqué dans une affaire de corruption liée à l'obtention de marchés de réalisation de projets de l'autoroute Est-Ouest. « L'affaire qui concerne le secrétaire général du ministère des Travaux publics est entre les mains de la justice et relève des compétences de la justice. C'est tout ! », a-t-il répondu hier à la question de la presse qui évoquait l'implication des cadres de son département dans cette grave affaire. Le ministre arborait un sourire narquois. Pressé par les journalistes pour en savoir plus sur cette affaire de corruption qui a récemment éclaboussé l'image de marque de son département et défrayé la chronique médiatique nationale, M. Ghoul était resté comme impavide, en ressassant la même rengaine. Son secrétaire général était-il innocent ? A cette question, Ghoul ne bronche pas. Le ministre, qui semblait visiblement ne pas vouloir s'interférer dans le travail de la justice, s'employait avec un extrême doigté à esquiver toutes les questions, toutes aussi gênantes les unes que les autres. Relancé à nouveau sur l'éventualité de l'existence d'une volonté tacite visant à nuire, par dossiers de corruption interposés, aux ministères représentant le MSP au gouvernement de Ahmed Ouyahia, le ministre des Travaux publics a encore usé d'une autre pirouette. « Il ne faut pas mélanger les choux et les carottes. Je suis là avec la casquette du ministère des Travaux publics. Je représente le gouvernement et l'Etat. Aujourd'hui, je ne suis pas un membre d'un parti politique. Quand il y aura des rencontres politiques du genre, vous pourrez poser ce genre d'interrogations politiques », nous a-t-il répondu en marge d'une visite de travail et d'inspection sur les chantiers de la 2e rocade sud d'Alger. S'agissant, par ailleurs, de la nature de ses relations avec le président Bouteflika, présentées comme grincheuses, M. Ghoul n'a pas souhaité apporter son commentaire. Il y a lieu de rappeler que six personnes citées dans cette affaire de corruption, dont le secrétaire général du ministère des Travaux publics, ont été présentées au parquet d'Alger la semaine dernière. Après audition, elles ont été mises sous mandat de dépôt pour, entre autres, corruption et trafic d'influence. Deux représentants de sociétés chinoise, française et japonaise ont obtenu des marchés de réalisation de l'autoroute Est-Ouest, en versant des pots-de-vin d'une dizaine de millions de dollars. Entourée d'épais secrets de l'alcôve, cette affaire risque encore d'éclabousser d'autres hauts cadres et chefs d'entreprise. Selon certains observateurs politico-médiatiques, la réalisation de l'autoroute Est-Ouest, pompeusement qualifiée de « projet du siècle », avec un montant mirobolant de l'ordre de 11 milliards de dollars, a attisé les appétits les plus avides. Il serait fort probable que cette affaire touchant ce gigantesque projet risque d'être le prélude à d'autres affaires peu ragoûtantes.