Les recettes budgétaires de l'Algérie ont connu une baisse de 21% durant le premier semestre 2009, en comparaison avec la première période de l'année écoulée, relève le gouverneur de la Banque d'Algérie, lors d'une séance à l'APN, consacrée à la lecture d'un rapport annuel sur l'évolution économique et monétaire de l'Algérie. Les revenus sont passés de 2483,3 milliards de dinars au premier semestre 2008 à 1962,6 milliards de dinars au premier semestre 2009. Cette situation est générée, selon M. Laksaci, par la baisse des recettes de la fiscalité pétrolière (-35,4%), alors que la fiscalité ordinaire, elle, a connu une hausse de 28,1% durant les six premiers mois de l'année en cours. La balance des paiements, déchiffrée par M. Laksaci, témoigne d'une forte baisse des exportations algériennes en hydrocarbures durant le premier semestre 2009. Les gains générés par l'exportation des hydrocarbures s'établissent à 19,96 milliards de dollars au premier semestre 2009, alors qu'il était à hauteur de 41,70 au premier semestre 2008, avant de connaître une décroissance au second semestre pour se situer à 35,49 milliards de dollars. Le recul en volume des exportations de pétrole est estimé à 52,66% durant les six premiers mois de l'année en cours. En conséquence, détaille le gouverneur de la Banque d'Algérie, les recettes pétrolières au premier semestre 2009 n'ont atteint que 63,1% du total des recettes budgétaires contre 77,2 au premier semestre 2008. En valeur, les recettes des hydrocarbures sont passées de 1918,3 milliards de dinars au premier semestre 2008 à 1238,7 milliards de dinars au premier semestre 2009, soit une forte baisse de l'ordre de -21%. Les recettes fiscales hors hydrocarbures, elles, sont passées successivement de 565 milliards de dinars à 723,9 milliards de dinars soit une forte hausse (28,1%). Pour ainsi dire, Mohamed Laksaci, chiffres à l'appui, vient reconnaître que la crise économique internationale a lourdement affecté les recettes du pays. Lui qui avait affirmé lors d'un précédent passage à l'APN que « grâce à la vision éclairée de ses responsables, l'Algérie était à l'abri des répercussions de la crise internationale ». Et c'est au gouverneur de la Banque d'Algérie de reconnaître aussi qu'« avec le montant de 1238,7 milliards de dinars réalisés au premier semestre 2009, la fiscalité pétrolière se place durant ce semestre en deçà de l'objectif fixé par le budget sur la base du prix référentiel de 37 dollars/baril (1927 milliards de dinars) pour l'année en cours ». Hausse des dépenses et recul des recettes Abordant le chapitre lié aux dépenses, M. Laksaci a fait savoir, sans trop de détails, que les dépenses budgétaires globales du pays ont connu une hausse estimée à 9,5% durant le premier semestre (9,5%). Les dépenses de l'Etat ont atteint les 2160,9 milliards de dinars durant le premier semestre 2009 contre 1974,3 milliards de dinars durant la même période de l'année dernière. Les dépenses en cours sont en progression de 13,7%, alors que les dépenses qui couvrent l'équipement public connaissent une hausse de 4,7%. Le recul des recettes du pays et l'augmentation de ses dépenses risquent de déséquilibrer davantage le budget de l'Etat, surtout lorsqu'on sait que l'effort budgétaire orienté vers le soutien à l'investissement et au secteur productif n'a connu qu'une infime hausse de 4,7%. Le rapport de M. Laksaci nous apprend aussi que le solde global du Trésor au premier semestre 2009 était négatif avec un montant de 228,7 milliards de dinars. Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, s'exprimant devant un hémicycle presque vide, cette baisse de la capacité de financement du Trésor a été accompagnée par une stabilité des revenus du fonds de régulation des recettes (4280,1 milliards de dinars fin 2008 et fin juin 2009). Par ailleurs, la liquidité bancaire a enregistré une importante réduction (-10,4%) dans une conjoncture marquée par la stabilité des avoirs extérieurs nets. Ceux-ci, faut-il le souligner, n'arrivent plus à alimenter l'opération de reconstitution monétaire en 2009, alors qu'ils représentaient depuis 2000 la source principale de la croissance monétaire. En valeur, les avoirs extérieurs nets ont atteint fin juin 2009 un taux de 10 604,30 milliards de dinars contre 10 277,55 milliards de dinars à la fin mars 2009. La liquidité monétaire est en régression permanente passant de 2845 milliards de dinars à la fin 2008 à 2549 milliards de dinars à la fin du mois de juin dernier, soit une baisse de 10%. Cependant, les réserves de change de l'Algérie ont atteint, à fin juin dernier, les 144,32 milliards de dollars contre 143,1 milliards de dollars à fin décembre 2008. Les autorités monétaires de l'Algérie semblent se ressaisir enfin pour découvrir une Algérie ébranlée par la crise économique internationale.