Le recours aux démonstrations de rue, notamment celles qui consistent à bloquer les routes, semble, ces dernières années, prendre des proportions inquiétantes. Rien que sur la RN 24, dans son tronçon qui relie Bordj El Kiffan à Aïn Taya en passant par les petites agglomérations de Bordj El Bahri, Dergana et Heuraoua, ce ne sont pas moins d'une dizaine de blocages de la route qui ont été menées par les citoyens de ces communes pour cette seule année. Tantôt, ce sont les coupures récurrentes d'électricité qui en sont les causes, tantôt les accidents de la circulation, ou tout autre problème qui n'arrive pas à trouver sa solution. Face à l'indifférence affichée par les responsables locaux à l'égard des citoyens qui ne trouvent pas d'interlocuteurs devant prendre en charge leurs requêtes, ces derniers improvisent, comme ultime recours, l'action de bloquer la route. Récemment à Boussakloul, un quartier qui dépend de la commune de Aïn Taya, les habitants ont dû bloquer la route nationale une nuit durant, suite à un tragique accident de la circulation qui a coûté la vie à quatre personnes d'une même famille. Les autorités locales, qui avaient émis un refus catégorique quant à l'installation de ralentisseurs en bitume sur cette route, ont été aussitôt informées du recommencement de l'action par les habitants du quartier. Ainsi, au lieudit SNTR au quartier Eddoum, la route nationale a fait l'objet de blocage : deux fois pour des raisons d'insécurité routière, trois fois pour cause de coupures à répétition de l'électricité, au moment où une importante rencontre sportive était diffusée à la télévision. Les inondations ont été également à deux reprises derrière le blocage du même tronçon de route. Dans un autre registre, et à Dergana, ce sont les habitants des chalets qui ont, eux, recouru trois fois de suite à ce genre de démonstration pour faire valoir leur droit à un relogement d'une part et d'autre part au renforcement de la sécurité dans le site. La liste retraçant la chronologie de ces actions n'est point exhaustive, et révèle, au-delà de ces actions elles-mêmes, l'absence et la démission des responsables locaux et leur atonie face à des questions qui empoisonnent la vie des citoyens alors que tout peut être objet de dialogue au sein de l'institution qu' est la municipalité. « Tant que les portes de l'APC resteront fermées, nous continuerons à manifester notre ras- le- bol dans la rue », nous confie un citoyen de la commune de Bordj El Bahri, qui, pour rappel, a connu au courant de cette année trois blocages de route, avec tout ce que cela implique comme dispositif d'usage, à savoir, des troncs d'arbres, des blocs de pierres, et des pneus incendiés. « L'instauration d'un véritable dialogue serait à même à faire cesser ces actions », soutient un habitant de la commune. Mais faute, cependant, d'une véritable politique de communication, c'est le simple citoyen qui se retrouve pénalisé, et par l'administration et par ses semblables.