Les saisies de drogue se font par tonnes. Chaque jour que Dieu fait, les services de la Gendarmerie et de la Sûreté nationales interceptent des chargements de stupéfiants. Outre le cannabis, les psychotropes, la cocaïne et l'héroïne commencent à être introduits dans le pays. Les chiffres donnent le tournis. 53,5 tonnes de cannabis ont été saisies de janvier à novembre 2012, selon les services de la Sûreté nationale. Le bilan de la police, communiqué par le commissaire principal Djilali Boudalia, directeur de la communication à la DGSN, fait aussi état de saisies de drogues dures. 686 grammes d'héroïne, 8 kilos de cocaïne et 253 000 comprimés de psychotropes ont été saisis durant la même période. «Ces saisies sont les plus importantes depuis l'indépendance», commente l'officier de police. En 2011, le bilan des saisies était de 1,5 tonne de cannabis. Pour les autres substances, les chiffres indiquent 2,1 kg d'héroïne, 8,3 kg de cocaïne et près de 160 000 comprimés de psychotropes saisis. L'activité des services de la Sûreté nationale concerne uniquement les zones urbaines. Ces chiffres, qui renseignent sur l'ampleur des quantités de drogue circulant sur le territoire national, ne concernent que les saisies opérées en milieu urbain, dont la sécurisation relève de la compétence de la police. De leur côté, les services de la Gendarmerie nationale indiquent que durant les dix premiers mois de l'année en cours, il a été enregistré 2573 affaires liées au trafic de stupéfiants et 3986 personnes arrêtées. «La comparaison avec les chiffres relevés durant la même période de 2011 a révélé une hausse respective de 15,59% et 11,98% en matière d'affaires traitées et de personnes arrêtées», révèle M. Kerroud, responsable de la communication à la Gendarmerie nationale. Le trafic de stupéfiants représente 27,80% de la criminalité organisée. Il a donc été procédé à la saisie de 63 740,250 kg de kif traité, 136 200 comprimés de psychotropes, 291 plants de pavot, 7,8 g d'héroïne et 47 g de graines de cannabis et d'opium. En revanche, par rapport à la même période de 2011, en matière de stupéfiants, cette période de 2012 est marquée par des hausses de 63,49% de saisies de kif traité (38 905,647 kg) et de 322,51% de saisies de psychotropes (32 049 comprimés). La culture de l'opium Les saisies recensées par le Centre national de lutte contre la drogue et la toxicomanie révèlent la découverte et la destruction de 88 plants de cannabis et de 204 plants et 15 g de graines d'opium. En 2011, ces quantités étaient plus importantes puisque le bilan rendu public par le Centre – qui fait la synthèses des bilans relevés par tous les services de sécurité – fait état de la découverte de 899 plants de cannabis et 340 plants d'opium, une pratique méconnue durant des années, mais les services spécialisés dans l'analyse des différents types de drogues (Institut national de criminalistique et de criminologie) ont découvert, ces dernières années, la «circulation» de plusieurs types de drogues et des pratiques visant leur installation localement, en cultivant des plants. Des pratiques jusque-là inconnues en Algérie. Même constat pour les drogues de synthèse : 15,702 kg de cocaïne ont été saisis durant les neuf premiers mois de 2012. Selon la même source, 5,295 kg d'héroïne, 203 048 comprimés de psychotropes de différentes marques, 36 flacons de chlorhydrate de méthadone et 42 boîtes de sulfate de morphine, de Laroxil et de Yanax ont été saisis durant la même période. En comparaison avec les chiffres en 2011, durant la même période, il ressort une augmentation de 13,840 kg de cocaïne (+743,36%), 2850 d'héroïne (+116,62%), 26 flacons de solution psychotrope (+260%) dans les saisies enregistrées. Des hausses qui font froid dans le dos. Déjà ravageuse de la santé, la drogue qui arrive sur le territoire national est, selon les experts, de mauvaise qualité. Elle est aussi, comme d'autres produits, contrefaite. Le commandant Boumrah Yacine, chef du laboratoire d'analyses des drogues à l'Institut national de criminalistique et de criminologie de la Gendarmerie nationale (INCC-GN), le confirme. L'analyse des échantillons des drogues saisies renseigne sur l'origine et les caractéristiques des substances. Ainsi, selon cet officier, plus de 90% du cannabis destiné à la consommation locale est de très mauvaise qualité. Il ne contient qu'un très petit pourcentage de cannabis, c'est donc de la contrefaçon, a-t-il révélé, se référant aux échantillons analysés par ce laboratoire doté de la technologie dernier cri, situé à Bouchaoui (Alger). Le commandant Boumrah a relevé, par ailleurs, que près de 3000 affaires ont été traitées au cours de cette année, dont 400 liées à la drogue et une centaine à la toxicomanie. Les analyses indiquent la «circulation» d'ecstasy et autres drogues «très coûteuses» destinées à une clientèle aisée financièrement, certainement à la recherche de sensations, mais les quantités sont vraiment infimes, révèlent nos sources. Selon M. Boumrah, même si les chiffres relevés par les différents services de sécurité concernant la détention pour consommation et commercialisation indiquent que des quantités saisies sont destinées à la consommation locale, l'Algérie reste un pays de transit de cette substance illégale. Pour le même expert, des quantités énormes de mauvais cannabis sont écoulées sur le marché local. Les trafiquants ne s'aventurent pas à passer les frontières algériennes avec de telles quantités et n'hésitent pas donc à les écouler en Algérie. Par contre, le cannabis de «bonne qualité» et d'autres drogues coûtant beaucoup plus cher circulent en petites quantités, pour prendre le moins de risques possible. Les trafiquants font preuve de calcul et de planification avant de s'aventurer à sortir ces marchandises vers l'Europe.