L'idée du report de la présidentielle a fait débat en cette fin d'année 2018. Le président du MSP, Abderrazak Makri, en a fait sa nouvelle offre politique pour une sortie de crise. Après son échec à obtenir l'onction de l'ANP pour sa démarche en faveur d'une transition consensuelle, le chef du MSP a tenté une nouvelle recette, demandant ainsi le report de l'élection présidentielle. Un report sous conditions, qui ne dépassera pas un an, selon lui. Pour justifier ce report, M. Makri a invoqué l'absence de solution de rechange, au sein du régime, à l'option du 5e mandat. Le chef de cette formation islamiste, qui s'est longtemps distinguée par son entrisme politique, «emballe» son offre dans l'impératif d'engager des «réformes politiques consensuelles» durant cette période de report. En effet, le président du MSP assure que, à la différence du pouvoir qui cherche à se maintenir, ce report vise à préparer le terrain pour une élection présidentielle transparente. M. Makri veut donc en une année des réformes que l'opposition demande depuis des décennies, en vain. De par la proximité du MSP avec certains centres de décision, son appel au report a suscité un débat. Beaucoup d'observateurs se sont interrogés sur le sens de cette démarche qui n'a aucune base constitutionnelle. Le report d'une élection aussi importante ne pourrait se faire légalement qu'en cas de guerre ou d'une grave catastrophe naturelle. Mais voilà qu'une autre proposition venue cette fois-ci de TAJ de Amar Ghoul, membre de l'alliance présidentielle, relance cette idée de report. Bien qu'il ait vivement critiqué la proposition du MSP, le président de TAJ a fait état d'une impérieuse nécessité d'aller vers une conférence nationale inclusive pour mieux préparer l'avenir du pays. Appeler à une conférence nationale inclusive, à quelques semaines seulement de la convocation du corps électoral, équivaudrait à une demande de report de ce grand rendez-vous électoral. Si la démarche diffère, l'objectif semble le même pour ces deux chefs islamistes. Mais le reste de la classe politique refuse de s'engouffrer dans ces initiatives suspicieuses. Depuis 1999, le régime ne cesse de se vanter d'avoir ramené la paix mais surtout la stabilité dans le pays. Aller vers un report, c'est donc remettre en cause cette stabilité et acter la crise politique, dont parle l'opposition et que le pouvoir a toujours niée. Le report reste donc pour le moment une option loufoque pour de nombreux observateurs.