Le Rassemblement national démocratique (RND) rejette la proposition d'Abderrezak Makri, portant sur le report de l'élection présidentielle 2019. Cette option n'est et ne sera pas discutée par les partis de l'Alliance présidentielle. Seddik Chihab, porte-parole du parti d'Ahmed Ouyahia, estime qu'il n'y a «aucun élément» qui plaide en faveur du report, insistant sur le respect des échéances. «Au RND, nous ne voyons pas d'éléments qui imposeraient le report. Nous sommes tenus par des échéances, et ce qui fait le sérieux de l'Algérie est qu'elle a toujours respecté ses échéances, et c'est en respectant ces échéances qu'on arrive à construire des institutions pérennes», a déclaré Chihab, dans un entretien accordé hier à nos confrères d'El Watan. Le bras droit d'Ahmed Ouyahia explique que demander le report de la présidentielle «sous-entend qu'il existe une situation exceptionnelle». «Or ce n'est pas le cas», a-t-il constaté, rappelant que les «règles» pour le report d'une élection sont connues, et sont même «actées», dans une allusion à l'article 110 de la Constitution, qui limite le report à «l'état de guerre». Selon Seddik Chihab, «notre pays ne vit pas une crise politique, alors je ne vois pas pourquoi l'on parle de report». Le n° 2 du RND ne s'arrêtera pas dans la simple explication des règles et du respect des échéances électorales. Il va plus loin, en rejetant la proposition du président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui revendique «le report du scrutin pour une année, dans l'objectif d'asseoir un consens national». Tout en rappelant que l'idée de Makri «n'a pas capté l'intérêt des partis politiques», Chihab dira qu'«au RND, nous n'avons pas adhéré à l'initiative présentée par cette formation politique». Avant d'assener dans un «non» qui ne souffre d'aucune ambiguïté, en parlant au nom des partis de l'alliance présidentielle : «son initiative ne sera pas à l'ordre du jour de nos rencontres au sein de l'alliance». Ainsi, ni le RND, ni le FLN, ni le MPA, voire ni même TAJ ne sont prêts à discuter la proposition. Et c'est quand même beaucoup d'espoirs qui s'évaporent pour Abderrezak Makri, qui souhaitait trouver un écho chez le pouvoir, en demandant de reporter l'élection comme sortie à l'impasse et au flou qui caractérisent la scène politique, du fait du suspense maintenu par l'actuel chef de l'Etat quant à sa candidature. En opposant au chef du parti islamiste «le respect des échéances», le porte-parole du RND, qui n'est autre que l'homme de confiance d'Ahmed Ouyahia, Premier ministre, encourage la concurrence démocratique. Et dans tous les cas de figures, le RND ne pourra que soutenir le candidat de l'Alliance, en l'occurrence Abdelaziz Bouteflika, sinon son propre candidat. Sur ce, Abderrezak Makri a, rappelle-t-on, déclaré dernièrement que sa proposition est justifiée par sa «peur de voir des parties au pouvoir succéder de force» au Président Bouteflika. Tous les observateurs avaient alors compris que sa cible n'était autre qu'Ahmed Ouyahia. Comme en politique, il y a beaucoup de «non-dits», la réplique de Seddik Chihab est aussi une réponse à l'objectif que Makri chercherait à travers sa nouvelle proposition sur la scène politique. Lui qui, dans un passé récent, insistait sur le fait que «le MSP sera d'une manière ou d'une autre concerné» par la présidentielle. En tout état de cause, l'on sait déjà qu'avec ce désaveu, ajouté à une opposition non branchée à l'idée, les chances du report de la présidentielle s'éloignent de plus en plus.