Directeur du Centre prashant pour les droits de l'homme, la justice et la paix, le Père Cedric Prakash vit à Ahmedabad, dans l'Etat du Goujarat. Son militantisme courageux et universel, l'a porté à dénoncer avec force le massacre anti-musulman commis par les hindous en 2002 dans le Goujarat, ce qui lui a valu des centaines de menaces de mort. Pensez-vous qu'en Inde, la lutte contre le terrorisme a servi à justifier la persécution des musulmans ? Oui, absolument. Ce que les autorités appellent la lutte contre le Terrorisme, ne fait que détourner des véritables solutions aux conflits. Cette stratégie défend les intérêts particuliers des partis hindous fondamentalistes qui sont au pouvoir dans plusieurs régions, comme dans l'Etat du Goujarat. Cela devient un instrument facile pour justifier l'abus pratiqué par ces extrémistes contre les musulmans. Pourquoi le gouvernement indien ne réagit-il pas, face aux violations des droits fondamentaux des musulmans ? Le gouvernement central du parti du Congrès a très peur de perdre les voix des Hindous durant les élections et de se mettre à dos la base des partis hindous, s'il prenait position en faveur des musulmans. Le pouvoir joue de manière constante un délicat équilibre avec la Hindutva, le processus d'hindouisation de l'Inde entière. Ce mouvement fasciste s'est malheureusement infiltré dans la société du Goujarat, et s'en prend principalement aux musulmans mais également aux chrétiens. Existe-t-il un risque que les jeunes musulmans excédés par cette ségrégation intolérable, puissent s'enrôler dans les groupes terroristes ? Quand une communauté, ou groupe n'importe où dans le monde, est poussée à bout, comme c'est le cas pour les musulmans au Goujarat, il est plausible que cette dernière réagisse. La persécution anti-musulmane est encore en vigueur, ici, on la voit quotidiennement. On a besoin de dirigeants éclairés pour prévenir les extrémismes qui conduisent au désespoir. Malheureusement, en Inde, on manque cruellement de tels dirigeants.