Ces derniers réclament son remplacement par le président de la Cour suprême. Cette revendication est réitérée par le premier responsable du Syndicat national des magistrats (SNM), Djamel Laïdouni, à l'occasion d'une rencontre régionale organisée hier à Alger. «Cette revendication ne date pas d'aujourd'hui, elle a été formulée depuis la création du syndicat. Le SNM suggère d'éloigner le pouvoir exécutif, représenté en la personne du ministre de la Justice, du Conseil supérieur de la magistrature et la désignation du premier président de la Cour suprême comme vice-président du Conseil, conformément au principe d'indépendance de la justice et en application des critères mondiaux en la matière», dit-il. Le Conseil supérieur de la magistrature est, rappelons-le, présidé par le président de la République, en sa qualité de premier magistrat du pays. Pour le poste de vice-président qui est assuré par le ministre de la Justice, les magistrats sont divisés. Alors que certains juges plaident pour la désignation du président de la Cour suprême, d'autres veulent qu'il soit un poste électif. Tout en appelant à consacrer l'indépendance de la justice à la faveur de la prochaine révision de la Constitution, Djamel Laïdouni invite également les magistrats à lutter pour arracher leur indépendance : «On demande l'indépendance de la justice depuis plus de 20 ans. Cette indépendance doit être arrachée par les juges, car personne ne la donnera. Quand l'Algérie a pris son indépendance, elle ne l'a pas demandé à la France.» Dans ce sens, le président du SNM demande aussi le rattachement de l'instance de l'inspection au Conseil supérieur de la magistrature et la garantie d'une indépendance matérielle pour les juges. Cette dernière, estiment les membres du syndicat, ne peut être effective qu'à travers la consécration d'un budget autonome au pouvoir judiciaire, à l'instar de certaines autres institutions de l'Etat. Interrogé sur les scandales de corruption qui se sont multipliés ces derniers mois, Djamel Laïdouni reconnaît d'abord les difficultés rencontrées dans la lutte contre le phénomène : «Il n'est pas facile de lutter contre la corruption. Le phénomène est là, mais on ne peut pas engager des actions sans qu'il y ait des plaintes déposées devant les juges.» Et d'ajouter : «On ne peut pas ramener une personne accusée de corruption pour la juger sans preuves matérielles.»