C 'est dans l'enceinte du prestigieux Bastion 23 qu'a été organisée, hier, une manifestation culturelle en l'honneur de La Casbah. Architectes et docteurs en histoire sont intervenus pour conter de son histoire, de sa topographie et du travail qu'il convient d'accomplir pour donner à ce site classé patrimoine universel, son cachet. Un travail de restauration qui risque d'être renvoyé aux calendes grecques puisque la couverture juridique n'existe toujours pas. En effet, un plan de sauvegarde pour rénover La Casbah doit être promulgué pour que les professionnels puissent travailler. « Le public et les associations n'ont pas accès à ce plan qui attend depuis 1999 d'être promulgué sous la forme d'un décret », affirme l'architecte Houria Bouhired, présidente du Conseil national de l'ordre des architectes. « La bureaucratie et l'anarchie qui entourent le dossier de La Casbah inhibent toutes les initiatives de la société civile », ajoute-t-elle. Et la journée qui se voulait festive prend des colorations de commémoration. C'est au cours du discours du président de la Fondation Casbah, Ali Mebtouche, qu'une jeune femme présente parmi le public a pris la parole pour dénoncer les dégâts occasionnés par l'OPGI suite au tremblement de terre. « Ma mère a une maison à La Casbah - rue Mohamed Ben Ganif - et la demeure avait été à peine touchée lors du tremblement de terre. Vous êtes entrés sans autorisation, vous avez saccagé la maison et bien que l'Etat nous ait proposé de nous prêter de l'argent, il fallait tout reprendre », s'insurge-t-elle. Rappelée à l'ordre à plusieurs reprises, la jeune femme aura du mal à s'exprimer. Elle scandera : « Nous n'avons vu aucune association ni personne. C'est bien beau de discourir derrière vos fauteuils. Il faut parler des enfants de La Casbah, de sa misère. Sur le terrain, on ne voit rien. » Arrêtée fermement par les organisateurs, la jeune femme bouillonnait devant ce qu'elle qualifiera d'« autant d'hypocrisie ». Ce site historique, qui compte 70 ha, 3304 logements, 36 370 personnes, fait encore parler de lui. Une journée ne suffirait pas.