Une mission d'experts mandatée par le Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU a, en effet, demandé expressément, hier, à l'Etat hébreu d'arrêter «immédiatement» la colonisation des territoires palestiniens et le retrait progressif des colons. Ce n'est certes pas la première fois que ce Conseil rappelle à l'ordre Israël s'agissant de sa politique de colonisation en Cisjordanie, mais à la veille de la visite du président américain, cela tombe assurément mal. La présentation du compte rendu de cette mission d'enquête aux diplomates, à Genève, constitue pour les dirigeants israéliens un non-événement. Il faut rappeler qu'Israël a gelé, voilà une année presque jour pour jour, ses relations avec le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, quand ce dernier avait approuvé précisément cette mission d'enquête sur «les activités de colonisation israélienne en Cisjordanie». De fait, Israël est devenu le premier pays au monde à «boycotter» le Conseil des droits de l'homme des Nations unies. Motif ? Ses dirigeants considèrent que cette enquête ne pourrait aboutir qu'à un rapport du type du «Goldstone» qu'ils avaient dénoncé et rejeté en compagnie de leurs alliés américains. Israël reproche aux membres du CDH, «peuplé» des représentants de 193 pays, un «parti pris systématique». Et comme si ce boycott inédit ne suffisait pas, ce rapport du CDH tombe comme un cheveu sur la soupe «fumante» du nouveau gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, qui vient d'annoncer sa décision de «renforcer la colonisation» en Cisjordanie. Un pied de nez à ce Conseil des Nations unies et, plus généralement, à la communauté internationale. Aussi, cet entêtement d'Israël à défier le monde met-il Barack Obama dans une bien mauvaise posture à deux jours de son arrivée à Tel-Aviv. Israël ignore le CDH Le président américain viendra justement tenter de forcer la main à Netanyahu afin de cesser la colonisation. Mais il ira visiblement droit dans le mur… des lamentations. En mai 2011, le Premier ministre israélien avait infligé un mémorable camouflet à son hôte Obama dans l'enceinte même du Bureau ovale, en rejetant catégoriquement et devant les caméras la proposition d'un Etat palestinien sur la base des lignes d'armistice de 1967. Quelques mois plus tard, Israël avait rejeté la cessation des colonisations alors que le vice-président américain, Joe Biden, qui s'y était engagé avec les Palestiniens, se trouvait à Tel-Aviv. C'est dire qu'il ne faudrait pas s'attendre à grand-chose de la part d'Obama qui a dû comprendre que, tout président des Etats-Unis qu'il est, il ne peut en définitive rien refuser à Israël. Obama droit dans le mur des… lamentations Il serait alors naïf de croire que le cabinet Netanyahu va se conformer aux recommandations des experts du CDH, comme l'a réclamé la présidente de la mission, la Française Christine Chanet, devant le Conseil. Faut-il rappeler qu'en dépit des «demandes écrites» de coopération auprès des autorités israéliennes, la mission n'a obtenu aucune réponse d'Israël et n'a pas pu se rendre dans les Territoires occupés. L'Etat hébreu dresse un barrage fixe contre toute action et initiative, même onusienne, de nature à montrer et démontrer au monde qu'il ne respecte aucune résolution contraire à sa politique expansionniste en Cisjordanie. Et aussi longtemps qu'il aura le parapluie protecteur des Etats-Unis, Israël continuera de fouler aux pieds la légalité internationale et de boycotter des organismes officiels qui lui rappellent ses devoirs. En l'occurrence, son refus obstiné de signer le traité de non-prolifération nucléaire, alors que ses centaines d'ogives nucléaires sont un secret de polichinelle, est une preuve «atomique», si besoin est, qu'Israël fait ce que bon lui semble en toute impunité. En revanche, il essaye de mettre le monde en ordre de bataille pour déclencher une guerre contre l'Iran, coupable de développer un programme nucléaire, civil jusqu'à preuve du contraire. Et sur ce dossier, il compte sur son «bon ménage» avec les Etats-Unis pour irradier le monde de sa propagande anti-Iran en le présentant comme un «danger pour l'humanité». Sans doute que le couple infernal Obama-Netanyahu, en bisbille depuis des années, sera cette fois sur la même longueur d'onde…