Cette initiative et autre nouvelle trajectoire, hors du registre chaoui, est une preuve patente et épatante de Houria Aïchi à l'endroit des chanteuses de l'Algérie. Elles s'appellent Chérifa, cheikha Rimitti, Beggar Hadda, Fadéla, Aïcha Labgaâ, Djura, Meriem Fekkaï… «J'ai pensé à rendre un hommage à ces grandes chanteuses d'Algérie. Je me suis jetée à l'eau tout simplement avec une certaine insouciance et plaisir. Si vous voulez, pour moi c'est un challenge ! Toutes ces chanteuses ont, d'une certaine manière, fait ma formation musicale. Elles ont toutes bercé ma jeunesse en les écoutant à la radio. Seloua, Nora, Chérifa, ce sont de grandes chanteuses, des divas. Elles ont dû se battre pour continuer à chanter… Elles sont très nombreuses. Je pense à cheikha Tetma, Nouara, Z'hor. Je demande pardon aux autres chanteuses que je n'ai pas pu interpréter et choisir pour les intégrer dans cet album. Sinon, il aurait fallu 10 CD. J'ai opté pour Chérifa, par exemple, car elle a un rôle, une présence très forte dans le monde de la musique algérienne…», présente ainsi Houria Aïchi, l'album Renayate. Racines Pour ce faire, Houria Aïchi a mis à contribution Ali Bensabou à la flûte (gasba), Mohamed Abdenour à la guitare, mandole et aux arrangements, Amar Chaoui, aux percussions (derbouka, bendir), Smaïl Benhouhou au piano. «Rendre hommage à ces chanteuses, je pense directement à la première, cheikha Rimitti. Il n'y en a pas une autre !». «Quand Houria Aïchi a envie de faire un truc, elle y va à fond. Et c'est cela que j'aime en elle. C'est une guerrière, quoi ! Avec cet album (Renayate), je me rapproche et relie avec mes racines. Cela me fait revivre des souvenirs», étayera Mohamed Abdenour (Gnawa Diffusion) qui est aux manettes, aux manœuvres orchestrales, comme dirait l'OMD (new wave). L'école des femmes L'album Ranayate renferme 11 titres aussi fluides que gouleyants, comme la version personnelle et personnalisée de Nouar de cheikha Rimitti. Une cover (reprise) électro, acoustique, chorale, pianistique, aux accents bédouis (gasba) et wahranis, et cette introduction au beat aloui, très chère à l'Orchestre national de Barbès. Et aussi, des standards, tels que Ana touiri (Fadhila D'ziria), El qalb bet sali (Meriem Fekkaï), Mabrouk El farh (Chérifa), Goumari (Aïcha Labgaâ), Atchatht thoules (Djura), Arouel (Beggar Hadda), Cheche (Zoulikha) ou encore Madre Madre, une chanson déjà interprétée par cheb Abdou et Fadéla, la raïwoman. Le nouvel opus Ranayate de Houria Aïchi est un «tribute» (hommage) à l'endroit de ces voix féminines algériennes faisant la beauté, la richesse, la diversité du patrimoine musical algérien, allant du raï rural au style kabyle, en passant par le hawzi et l'andalou, ou encore l'extatique saharien. Houria Aïchi, avec une générosité majuscule, révère ses «mères spirituelles» et ses «pairs» et surtout leur talent, leur courage et autre condition féminine ! Ranayate, ces «azriete» de toute l'Algérie ! Houria Aïchi. Renayate (Accords Croisés/Harmonia Mundi) 2013.