En réaction à la décision du Comité national des boulangers de lancer, dès aujourd'hui, une grève générale de deux jours, le gouvernement a averti, jeudi dernier, dans un communiqué repris par l'APS, qu'il n'hésitera pas à « user de tous les mécanismes de contrôle que confère la loi aux pouvoirs publics pour préserver les intérêts des consommateurs ». Ainsi, tout en appelant les boulangers à « faire preuve de sagesse », en faisant « prévaloir l'esprit du dialogue », le gouvernement a clairement signifié à l'adresse de cette corporation qu'aucune grève ne changera sa position de refus d'augmentation du prix du pain, tant ce produit, lit-on dans le même communiqué, constitue « un élément important dans la consommation des citoyens ». Face à cette position tranchante du gouvernement, le Comité national des boulangers et pâtissiers n'a pas hésité, pour sa part, à réaffirmer d'emblée, à travers un communiqué parvenu hier à notre rédaction, qu'il maintient fermement son mot d'ordre de grève générale pour les journées de samedi 26 et dimanche 27 février, dont un préavis a été adressé la semaine dernière « à toutes les autorités publiques centrales et locales ». Selon le secrétaire général dudit comité, M. Benabdesslam, les boulangers sont ainsi décidés à aller jusqu'au bout de leur action pour faire valoir leurs revendications légitimes et défendre leur droit d'accéder à la possibilité de garantir leur marge bénéficiaire. « La menace du gouvernement d'user de tous les mécanismes de contrôle ne nous fait pas peur », a-t-il signifié. Et d'ajouter : « Les boulangers ont de tout temps été contrôlés et l'on ne peut que s'étonner de voir que le gouvernement se plaise à attendre que les gens réclament leurs droits pour menacer de les soumettre au contrôle. » Placée ainsi au centre de ce qui semble prendre l'allure d'un véritable bras de fer entre le gouvernement et le Comité des boulangers, la question de la marge bénéficiaire que réclame cette corporation attise d'emblée la polémique autour du maintien du prix administré de la baguette de pain. « Depuis 1996, soutient M. Benabdesslam, les charges des boulangers et les prix des différents produits de base entrant dans la panification, tels la levure et le sel, ont été augmentés à maintes reprises », cependant, « le prix de vente public, tel que réglementé à 7,5 DA la baguette de pain ordinaire de 250 g, est resté le même qu'il y a près de neuf ans, c'est-à-dire depuis la promulgation en avril 1996 du décret fixant les prix de la farine et du pain ». Et de signifier : « Puisque les pouvoirs publics ont décidé de fermer la porte à toute possibilité de révision du prix du pain, c'est à eux qu'il revient de trouver d'autres solutions pour régler la crise à laquelle est confronté actuellement le secteur de la boulangerie. »