Devant l'impunité grandissante dont bénéficient les auteurs des violations de la liberté d'expression en Afrique et convaincus que seul un instrument juridique contraignant serait de nature à garantir un meilleur respect de la liberté d'expression sur le continent africain, les participants au 3e Filep, qui s'est tenu du 4 au 7 novembre 2009 à Ouagadougou (Burkina Faso), ont adopté, hier, une résolution dans laquelle ils ont demandé aux instances de l'Union africaine (UA) d'« élaborer et faire adopter dans les plus brefs délais un protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif à la liberté d'expression et au droit d'accès à l'information en Afrique ». L'UA – dont les textes relatifs aux médias et à la liberté de la presse ont été très critiqués par les journalistes en raison du flou qui les entoure et de leur complaisance à l'égard des régimes autoritaires – est également appelée à « impliquer dans le processus d'élaboration du protocole les organisations de la société civile et particulièrement celles qui défendent la liberté d'expression ». Les professionnels africains des médias ont, en outre, voté à l'unanimité une recommandation spéciale dans laquelle ils ont prôné « la création d'un comité d'experts pour l'élaboration d'un document stratégique en vue de la rédaction d'une charte de la presse en Afrique et de la mise en œuvre des projets de viabilisation économique des médias ». Dans leurs recommandations générales, les participants au 3e Filep attendent aussi de l'Union africaine qu'elle « inclue la liberté d'expression et de presse parmi les critères du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP) ». Les journalistes ont également souhaité l'institutionnalisation du Filep et la mise en place de son secrétariat permanent. Aux Etats, il est demandé expressément de mettre leurs instruments juridiques et réglementaires en conformité avec les principes et standards internationaux. Les pays africains sont invités aussi à abroger les dispositions imprécises comme celles traitant des « fausses nouvelles », de l'offense à chef d'Etat qui empêchent toute critique à l'endroit du pouvoir et des hommes politiques et de supprimer les peines privatives concernant les délits de presse. De plus, les participants au 3e Filep exigent des pouvoirs publics qu'ils accroissent l'aide directe et indirecte à la presse, sans discrimination, et attribuent équitablement la publicité institutionnelle aux médias. Cela, tout autant qu'il est attendu d'eux qu'ils accordent une attention particulière à la formation aux métiers de l'information en tant que levier indispensable à la consolidation de la démocratie. Les journalistes sont, quant à eux, invités à s'engager dans un processus de formation pour mieux s'adapter aux exigences du professionnalisme et de s'approprier les nouveaux médias liés aux TIC. Pour faire barrage aux dérives autoritaires des régimes africains, il est recommandé aux organisations de défense des droits de l'homme et des journalistes de créer et de renforcer les systèmes de veille sur la défense effective de la liberté d'expression et de la presse. Les journalistes ont appelé, in fine, à la mise en place de mécanismes de soutien et de défense de leurs confrères emprisonnés dans le cadre de l'exercice de leur métier et à l'abrogation des textes juridiques et réglementaires contraires aux principes de la liberté d'expression et de la presse.