La dernière étape de la tournée de la troupe du Théâtre de l'univers a coïncidé avec le 14e anniversaire de la création administrative de la ville de Djelfa. Un beau cadeau offert par des acteurs professionnels dirigés par la dramaturge Faouzia Aït El Hadj qui nous a confié que le déplacement a pu être effectué grâce à l'aide du ministère de la Culture. Deux pièces ont été présentées à un public très nombreux qui accueillait pour la première fois des pros du théâtre. La première prestation Sbitar fi M'aâscar (hôpital à Mascara) fait encore parler d'elle, tant le sujet fait partie du vécu quotidien de milliers de citoyens : la vie dans un hôpital comme il en existe chez nous. A la différence qu'en voyant la pièce de F. Aït El Hadj, on meurt de rire alors qu'à l'hôpital on peut mourir de négligence. Les rôles sont inversés, et l'on ne sait plus qui est qui, et surtout qui doit faire quoi : la femme de ménage dirige, soigne et procède même aux accouchements, et quand l'infirmière de garde s'en va rejoindre son amoureux délaissant les bébés dans les couveuses, elle est « couverte » par cette patronne qui excelle dans le rôle de l'entremetteuse. Les ambulances sont en panne, les médicaments et les produits détergents volés, l'hygiène fait défaut et le directeur est toujours absent parce que occupé à traiter « des affaires ». Une réalité bien amère, tournée à la dérision grâce à l'interprétation magistrale d'artistes aussi talentueux les uns que les autres, Lynda Sellam, Mahfoudh Berkane, Brahim Chergui, Farida Bousboua et Lazhar Belbaz feront rêver (et réfléchir) les 950 enfants venus de tous les quartiers de la ville, assister à un vrai spectacle théâtral. Tout y était : les costumes, la musique et le texte fait pour rapprocher et réconcilier les enfants avec la nature et qui avaient du mal à quitter la salle applaudissant encore et encore la princesse, vendeuse d'oiseaux qui leur a procuré un moment de pur bonheur. Ce fut une belle leçon d'amour et de liberté. Merci les artistes.