M. Mottaki a déclaré hier que son pays est prêt « à coopérer avec le gouvernement yéménite et d'autres pays pour restaurer la sécurité » au Yémen. Le ton a sensiblement baissé, hier, dans le discours des responsables iraniens à propos de la rébellion chiite au Yémen dont Téhéran est accusé d'attiser pour déstabiliser le royaume des Al Saoud. C'est, en effet, d'une déclaration conciliante, voire coopérante, dont s'est fendu hier le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, en se proposant de coopérer avec le gouvernement yéménite pour instaurer la sécurité dans la région. « L'Iran est prêt à coopérer avec le gouvernement yéménite et d'autres pays pour restaurer la sécurité », au Yémen, a déclaré le chef de la diplomatie iranienne dans une conférence de presse, appelant à un « effort collectif » pour régler le conflit entre Sanaa et les rebelles houthis. Le ministre iranien des Affaires étrangères envoie par la même occasion un message sibyllin aux dirigeants de l'Arabie Saoudite dans lequel il les rassure sur les intentions de son pays de ne pas attiser le feu de la « fitna ». « Cela peut instaurer la sécurité et la paix pour les Yéménites et toute la région », a précisé Mottaki plaidant pour une démarche consensuelle entre les trois pays (Iran, l'Arabie Saoudite et le Yémen) pour régler le conflit au Yémen. « Toute mesure contraire à cette approche servira les ennemis des pays islamiques et arabes », a-t-il prévenu. Il est évident que ce discours tranche radicalement avec la mise en garde adressée hier par le même Mottaki aux « pays de la région » contre toute intervention au Yémen. Une mise en garde destinée en réalité à la seule Arabie Saoudite qui depuis le 3 de ce mois est entrée en guerre contre les dissidents chiites du Yémen. « Les pays de la région doivent sérieusement se garder d'intervenir dans les affaires intérieures du Yémen », a averti le chef de la diplomatie iranienne devant la presse. « Ceux qui jettent de l'huile sur le feu doivent savoir que la fumée qui s'en élèvera ne les épargnera pas », avait-il ajouté pointant un doigt accusateur en direction Riyad. Mais Téhéran a préféré tempérer son discours à l'égard d'un royaume surveillé comme le lait sur le feu par ses alliés américains et européens. Les responsables iraniens savent qu'ils vont s'attirer forcément les foudres de ces pays et la dénonciation de la « ouma » en s'en prenant pays des Lieux saints de l'Islam. Bons offices Ils risquaient aussi de se mettre à dos tous les pays arabes, notamment à propos de son contentieux nucléaire avec l'Occident, d'où ce choix de la raison. Et comme pour remettre les choses à plat entre Téhéran et Riyad, Manouchehr Mottaki a décidé de se rendre prochainement en Arabie Saoudite pour rencontrer son homologue, le prince Saoud al Fayçal. C'est ce qu'a révélé hier à Médine Ali Ghazi Asgar, vice-président de la délégation de pèlerins iraniens à La Mecque. Mottaki va ainsi « rassurer nos frères en Arabie Saoudite » que l'Iran veut « éviter tous les troubles » pendant le pèlerinage qui doit débuter fin novembre, a-t-il ajouté. « Nous ne voulons pas que ceux qui cherchent à semer la discorde entre l'Arabie Saoudite et l'Iran réussissent », a encore dit le responsable de la délégation iranienne, qui compte 65 000 pèlerins cette année. Le gouvernement saoudien avait averti la semaine dernière qu'il ne tolérerait pas de troubles durant le prochain pèlerinage et la « politisation » de l'événement. Riyad fait référence aux rassemblements des pèlerins iraniens durant lesquels ils répétaient « Mort à l'Amérique, mort à Israël ! » Mais selon le vice-président de la délégation iranienne à La Mecque, « les responsables des deux pays vont résoudre tous les problèmes par le dialogue », précisant que le chef de la délégation iranienne avait déjà rencontré dans ce but le ministre saoudien du Pèlerinage, Fouad Al Farsi. Il a assuré que la traditionnelle manifestation antiaméricaine des pèlerins iraniens à La Mecque était « un rite religieux et non politique, que nous accomplissons depuis des années ».