Les autorités égyptiennes portent l'entière responsabilité des graves incidents survenus au Caire où des Algériens – équipe nationale, staff technique et supporters des Verts – furent jetés aux fauves déchaînés des supporters égyptiens. Comme elles portent l'entière responsabilité des conséquences et des dérapages qui pourraient en découler en Algérie par la faute du comportement irresponsable de l'Etat égyptien qui n'a pas respecté les engagements publics pris pour assurer la sécurité des Algériens avant, pendant et après le match. En voulant se qualifier à n'importe quel prix – c'était la consigne ferme donnée aux Pharaons sur le terrain par le président égyptien alors qu'il leur rendait visite lors d'une séance d'entraînement, un mot d'ordre suivi à la lettre à l'intérieur et à l'extérieur du stade – les Egyptiens se sont engagés dans un engrenage dangereux dont ils n'ont pas mesuré les graves conséquences sur les relations bilatérales. Car même si au niveau des Etats la crise – car il y a crise – peut être amortie et contenue, même si côté algérien on se montre nuancé pour ne pas voir dans ce qui s'est passé au Caire une machination orchestrée à un haut niveau de l'Etat égyptien, au niveau de l'opinion publique, la colère qui s'est emparée de la rue risque de faire mal et le sentiment anti-égyptien qui s'est emparé de certains jeunes supporters des Verts risque de prendre une ampleur incontrôlée et se traduire par des actes de représailles contre des intérêts et des ressortissants égyptiens en Algérie. Oui, le pouvoir égyptien a joué avec le feu ! Jamais dans l'histoire du mouvement sportif mondial, le football, sport populaire par excellence, n'a été instrumentalisé de façon aussi éhontée comme l'ont fait les Egyptiens qui n'ont lésiné sur aucun moyen pour parvenir à leurs fins. Lorsque les lampions du stade se seront éteints, la réalité du quotidien difficile des Egyptiens, la poudrière sociale des déshérités des faubourgs du Caire et d'ailleurs ne manquera pas de rattraper les dirigeants égyptiens et de leur exploser à la figure. L'effet « antidote » de la victoire sans gloire arrachée dans le déshonneur au Caire au dépens de l'équipe algérienne est éphémère. Si l'expédition punitive contre les Algériens, menée par les supporters égyptiens avec la complicité des services de sécurité qui ont laissé faire en toute impunité, est condamnable et inexcusable, le silence complice des autorités égyptiennes face à ce drame – on parle de plusieurs dizaines de blessés graves, voire de victimes – doit être analysé loin des discours idéologiques et démagogiques sur la virtuelle fraternité algéro-égyptienne qui, si elle a existé dans le passé, a montré aujourd'hui, avec ces événements, qu'elle a fait son temps. Ces incidents doivent être objectivement et sereinement analysés pour en tirer les conséquences politiques qui s'imposent. Car personne ne pourra admettre aujourd'hui que ce qui s'est passé au Caire n'est que l'œuvre de supporters excités victimes de leurs pulsions excessives pour leur équipe fanion. S'il se confirme, comme tout porte à le croire, que la trame de ce mauvais thriller égyptien a été pensé et écrit en haut lieu, les autorités algériennes sont alors sommées d'aller dans le sens de l'histoire ; elles doivent avoir le courage politique d'appeler un chat un chat et de repenser nos relations avec l'Egypte et tout autre pays qui joue avec la vie et la dignité des Algériens. L'appel lancé aux autorités algériennes par le ministre égyptien des Affaires étrangères pour protéger les intérêts égyptiens en Algérie – une revendication légitime que tout esprit sensé ne peut que partager – prêterait à rire, n'était la gravité de la situation. Monsieur le ministre, une seule question : qu'avez-vous fait pour protéger nos supporters au Caire ?